
Sous les néons encore allumés d’une épicerie de nuit située rue Jules-Faye, le silence a cédé brutalement la place aux détonations, ce mardi 6 mai, peu avant 21 heures. Plusieurs riverains de ce quartier tranquille de Valréas, dans le nord du Vaucluse, affirment avoir entendu trois coups de feu. Lorsque les secours arrivent, alertés en urgence, ils découvrent le corps sans vie du gérant du commerce, abattu à bout portant. Âgé de 43 ans, l’homme est retrouvé gisant au sol, frappé de plaies balistiques au thorax et à la tête. C’est sa belle-sœur qui, la première, pénètre dans l’épicerie après les tirs. En quelques minutes, les abords du magasin sont bouclés par les gendarmes de la brigade de Valréas, rapidement renforcés par le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig). Malgré le déploiement, le tireur, arrivé sur les lieux en trottinette selon plusieurs témoignages, a déjà pris la fuite.
À 23h30, dans un calme pesant, le médecin légiste procède aux premières constatations, sous les regards figés de la quarantaine de témoins rassemblés derrière les banderoles de sécurité. Le corps, toujours dans le commerce éclairé d’une lumière crue, témoigne de la violence de l’acte. La procureure de la République de Carpentras, Hélène Mourges, se rend personnellement sur place. Elle annonce l’ouverture d’une enquête de flagrance pour assassinat, confiée à la section de recherches de Marseille et à la brigade de recherche d’Orange.
Selon les premiers éléments recueillis, la victime était connue des services de justice, un détail que le parquet ne souhaite pas commenter pour l’instant. L’autopsie, ordonnée dès le lendemain, vise à préciser les circonstances exactes de la mort. En parallèle, les enquêteurs cherchent à identifier un mobile, toujours flou ce mercredi. La violence de l’acte heurte la population de Valréas, peu habituée à ce type de crimes. « On a des problèmes d’incivilités, mais jamais à ce niveau-là », confie, bouleversé, Patrick Adrien, le maire de la commune. L’élu divers droite y voit un argument de plus dans sa croisade contre les épiceries de nuit, dont le nombre a triplé en trois ans dans la ville. « Qui va acheter une bouteille d’huile à une heure du matin ? », lance-t-il, amer.
Pour lui, ces commerces, souvent ouverts très tard, doivent être régulés comme le sont les pharmacies. Il interpelle la préfecture pour un accompagnement législatif. « Il faut remettre un peu d’ordre dans tout ça », plaide-t-il, évoquant un phénomène de société qu’il estime mal encadré. Alors que l’auteur présumé est toujours activement recherché, l’enquête progresse sous la houlette des techniciens en investigations criminelles. Les images de vidéosurveillance, les relevés balistiques et les témoignages sont méthodiquement passés au crible.