Une empreinte oubliée : le meurtre de Jeanette Ralston élucidé 48 ans plus tard
Un homme de 69 ans est désormais accusé dans le cadre d’un homicide resté sans réponse pendant presque un demi-siècle. L'identification repose sur des empreintes digitales et un profil ADN.

Presque un demi-siècle après le meurtre de Jeanette Ralston, la vérité refait surface, portée par la précision chirurgicale des technologies modernes. En janvier 1977, cette jeune mère de 24 ans est retrouvée morte dans sa Volkswagen Beetle, stationnée sous un carport de Graham Avenue, à San Jose. Agressée sexuellement, étranglée avec son propre chemisier, elle laisse derrière elle une fillette de trois ans et une enquête sans piste solide. À l’époque, malgré les efforts déployés par la police de San Jose, le dossier s’enlise. Les indices sont rares, les témoignages flous. Un paquet de cigarettes Eve est retrouvé sur la scène, mais l’empreinte qu’il porte ne correspond à personne dans les fichiers disponibles en 1977. L’affaire est classée, froide, comme tant d’autres.
Des décennies plus tard, dans les couloirs feutrés du bureau du procureur du comté de Santa Clara, l’unité des affaires non résolues relance discrètement l’enquête. Ce n’est ni une intuition ni un nouvel informateur, mais bien l’avènement de nouvelles techniques d’analyse criminelle qui ravivent la flamme vacillante de la justice. Grâce aux bases de données élargies et à une lecture affinée des empreintes digitales, un nom émerge enfin : Willie Eugene Sims.
À l’époque du crime, Sims est soldat à Fort Ord, non loin de San Jose. Il a quitté la Californie depuis longtemps et vit aujourd’hui dans l’Ohio, à près de 4 000 kilomètres de la scène du drame. L’homme, déjà condamné pour une agression violente, n’avait cependant jamais vu son ADN versé dans la base nationale CODIS. Ce n’est qu’en 2023, lorsque les enquêteurs parviennent à obtenir un nouvel échantillon biologique, que le lien devient irréfutable.
L’empreinte digitale retrouvée sur le paquet de cigarettes correspond à celle de Sims. Son ADN correspond également à celui retrouvé sur le corps de Jeanette Ralston. L’arrestation est immédiate. Sims, aujourd’hui âgé de 69 ans, ne conteste pas son extradition vers la Californie. Le procureur Jeff Rosen résume sobrement l’impact de cette avancée : même si les affaires vieillissent, la justice ne les oublie pas. Pour la famille Ralston, le choc de la perte s’accompagne enfin d’une réponse claire. La douleur ne s’efface pas, mais l’incertitude, elle, trouve une fin.
L’affaire Jeanette Ralston illustre avec force ce que la science moderne peut accomplir lorsqu’elle s’allie à la ténacité des enquêteurs. Grâce à une simple empreinte sur un objet anodin, un meurtre ancien cesse d’être une énigme.