Neuf jours. C’est le temps qu’il aura fallu aux enquêteurs de la police judiciaire de Lyon pour remonter la piste du sang versé dans une rue ordinaire de Vaulx-en-Velin, un lundi d’avril à l’heure du déjeuner. Le 7 avril dernier, un jeune homme de 19 ans s’effondrait au sol, touché en pleine tête par plusieurs balles, sous les yeux terrifiés de quelques passants et à deux pas d’une école élémentaire.
Le quartier du Mas du Taureau, déjà connu pour ses tensions liées au trafic de drogue, s’est figé dans une stupeur glaçante. L’école voisine a été confinée, les rumeurs se sont répandues comme une traînée de poudre. Ce meurtre n’avait rien d’un geste impulsif. Il portait la signature froide et méthodique d’un assassinat ciblé.
La victime, impliquée dans un réseau de revente récemment démantelé, semblait avoir été choisie. Éliminée. Comme si l’on cherchait à envoyer un message. Très vite, les enquêteurs ont orienté leur travail vers un règlement de comptes entre groupes rivaux. La guerre pour la reconquête du territoire semblait avoir commencé.
Ce mercredi matin, à plus de quatre cents kilomètres de là, un nom est tombé. Un suspect a été interpellé dans le silence d’un appartement de Taverny, dans le Val-d’Oise. Il a 18 ans. Presque encore un adolescent. Son casier judiciaire est vierge, son nom inconnu des fichiers de police. Et pourtant, il est soupçonné d’avoir exécuté de sang-froid ce contrat macabre.
Ce jeune homme au profil déroutant aurait été recruté via les réseaux sociaux, un nouvel eldorado pour les commanditaires de l’ombre. Recruté, instruit, puis envoyé à Vaulx-en-Velin pour tuer. Il serait reparti le jour même, en train, avec le calme d’un passager lambda rentrant d’un banal déplacement.
Ce que l’enquête a mis au jour, c’est un itinéraire soigneusement préparé, des échanges cryptés, une cible précise. L’assassin présumé aurait agi seul, mais au nom d’une entreprise criminelle plus vaste, plus insidieuse. Une mécanique bien huilée où la jeunesse devient bras armé.
Ce sont les brigades spécialisées de Versailles qui ont permis de localiser le suspect, en étroite collaboration avec les services lyonnais. Le jeune homme a été arrêté sans résistance. À présent, il se trouve en garde à vue, entre les murs froids de la brigade criminelle de Lyon. Dans les prochaines heures, il sera présenté à un juge en vue d’une mise en examen pour assassinat.
Mais derrière ce visage juvénile se cache peut-être l’un des symptômes les plus inquiétants d’une nouvelle génération de tueurs à gages, silencieux, invisibles, surgis des tréfonds numériques. Le mystère reste entier quant à l’identité du ou des commanditaires. L’enquête s’oriente désormais vers les réseaux lyonnais et les tensions souterraines du narcobanditisme.
