
Vendredi après-midi, dans le calme apparent du bourg de Pont-de-Beauvoisin, la vie de Nelissa, 56 ans, s’est brutalement arrêtée. C’est son fils qui a découvert le corps sans vie de sa mère dans son appartement, un lieu désormais scellé par la douleur et l’enquête. L’alerte avait été donnée vendredi 2 mai, peu avant 17 heures, les pompiers intervenant en urgence, mais en vain : la victime était déjà morte, étranglée.
Sur place, les gendarmes trouvent Gaëtan Girard, 59 ans, encore présent sur les lieux. Il est immédiatement interpellé. Le couple, en instance de divorce depuis 2023, vivait séparément, mais rien ne laissait présager une telle issue : aucune plainte, aucun signalement antérieur pour violences conjugales. Le dossier est vide, froid, et pourtant, l’issue est tragique. Placé en garde à vue, l’homme n’a pas longtemps nié les faits. Il a finalement reconnu être le « seul auteur » du meurtre. Selon les premiers éléments de l’enquête, il aurait ligoté et bâillonné son ex-compagne avant de l’étrangler. Des détails glaçants qui laissent entrevoir une scène de violence préméditée et sans issue.
Le parquet de Grenoble, par la voix du procureur adjoint François Touret de Coucy, confirme dimanche que Gaëtan Girard a été mis en examen pour meurtre par conjoint, un chef d’accusation lourd. Il est désormais incarcéré, dans l’attente de la suite de l’instruction.
L’enquête se poursuit sous l’égide d’un juge d’instruction, avec comme objectif de reconstituer le déroulé exact de ce drame et de comprendre les motivations du suspect. À ce jour, les relations du couple, bien que distendues par la séparation, ne semblaient pas marquées par des épisodes de violence connus des autorités. Le parquet indique par ailleurs que le couple était inconnu des services de police. Un silence administratif qui contraste avec la brutalité du passage à l’acte. Une autopsie a été ordonnée, tandis que les appels téléphoniques de la victime, notamment un possible appel de détresse aux secours, font l’objet d’une exploitation technique.
Dans ce petit coin de l’Isère, les habitants restent médusés. Le sentiment d’impunité face à certains féminicides se mêle à l’incompréhension. Nelissa rejoint ainsi la liste trop longue des femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint : 96 cas recensés en 2023, un chiffre qui continue de grimper en 2024. Le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » a d’ores et déjà inscrit son nom dans ses relevés. Au sein de la population locale, les premières fleurs ont été déposées sur le seuil du domicile. Un silence pesant entoure désormais l’immeuble, comme si la violence y avait laissé une empreinte indélébile.
L’instruction dira si des éléments ont échappé aux regards extérieurs, si des signes avant-coureurs ont été ignorés. En attendant, la justice se saisit de cette affaire criminelle avec gravité, face à une réalité sociale toujours plus criante. Un crime conjugal de plus, mais une vie de trop.