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Mûrs-Érigné : une adolescente tuée, son père hospitalisé après avoir revendiqué un infanticide

Philippe Chabert, 42 ans, a été hospitalisé d’office après avoir affirmé avoir tué sa fille dans un manifeste en ligne. L’enquête explore le profil d’un homme en dérive depuis plusieurs années.

À Mûrs-Érigné, paisible commune du Maine-et-Loire, a été brutalement transpercé par une tragédie familiale. Mercredi 7 mai, Emma, 13 ans, a été retrouvée morte au domicile de son père, Philippe Chabert, un paysagiste de 42 ans, déjà connu de la justice. L’adolescente, pleine de projets et passionnée de danse, passait une semaine chez lui dans le cadre d’une garde alternée convenue entre parents séparés.

C’est le collège qui, ne voyant pas l’élève se présenter en classe le vendredi matin, a déclenché l’alerte. Sa mère, sans nouvelle, tente d’entrer en contact. En vain. Puis elle découvre, horrifiée, un message publié sur LinkedIn : le père y confesse le meurtre de sa fille, annonçant aussi sa propre disparition. Le ton est glacial, le geste prémédité. Les secours interviennent rapidement au domicile paternel. Emma est retrouvée sans vie. À ses côtés, son père, encore en vie malgré l’absorption de médicaments, est conduit à l’hôpital et placé en garde à vue, rapidement levée pour raison médicale. Selon le procureur Éric Bouillard, l’autopsie a confirmé une mort violente, causée par un tiers.

Le drame n’est pas seulement familial. Il est aussi le point culminant d’une dérive obsessionnelle. Depuis l’acquisition d’une maison jugée inhabitable en 2021, Chabert s’était lancé dans une guerre personnelle contre les notaires, qu’il accusait de ruiner sa vie. Il crée un site, l’Observatoire Indépendant du Notariat, multiplie les publications virulentes, les menaces, et les démarches judiciaires.

En mars 2025, il est condamné à dix mois de prison avec sursis pour harcèlement et menaces de mort à l’encontre d’institutions notariales. À l’audience, il pleure, se dit victime d’un système. Une expertise psychiatrique diagnostique alors un trouble délirant persistant, avec dangerosité potentielle. Ce mercredi 7 mai, la fiction du combat solitaire cède à l’horreur réelle. Sur son site, Chabert publie un manifeste de 240 pages, titré Les notaires m’ont tué, où il justifie son geste au nom d’une prétendue « violence judiciaire ». Il appelle à diffuser le document avant qu’il ne soit censuré. L’écriture est exaltée, les propos délirants.

Pour la mère d’Emma, ce geste est un « gâchis absolu ». Elle confie à la presse un portrait tendre de sa fille : une enfant lumineuse, créative, adorant son petit frère, bien intégrée à son collège. « Elle aimait ses deux parents », insiste-t-elle, brisée par l’incompréhensible. Dans une publication poignante sur les réseaux sociaux, elle écrit : « Tu voulais vivre, toi. » L’enquête suit son cours, mais le pays reste suspendu à une question insondable : comment un homme peut-il tuer ce qu’il aime, au nom d’un combat devenu folie ? L’infanticide d’Emma glace par son absurdité, et interroge notre capacité collective à détecter et prévenir les dérives de la souffrance mentale.

Guillaume Eckendoerffer

Rédacteur web passionné de true crime, j’explore et raconte au quotidien les affaires criminelles marquantes et celles qui font l’actualité. Curieux et attentif aux détails, j’aime plonger dans les enquêtes pour en comprendre tous les aspects et les retranscrire de manière accessible.

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