Meurtre de Diego Bodin 16 ans : un cold case élucidé 11 ans plus tard grâce à un article de presse
Un simple témoignage, déclenché par un reportage local, a permis de résoudre l’assassinat sauvage d’un adolescent poignardé en 2014 dans le Var. Le suspect, un ami de la victime, a fini par avouer.

L’affaire avait glacé la commune de Six-Fours-les-Plages en 2014, laissant derrière elle une famille en deuil et une population sous le choc. Le 14 février, Diego Bodin, 16 ans, apprenti boucher et passionné de rugby, est retrouvé mort à son domicile du quartier du Brusc, poignardé de 32 coups de couteau. C’est l’une de ses sœurs qui découvre le corps, dans une scène d’une violence inouïe.
Dès les premières heures, la police judiciaire de Toulon, aujourd’hui devenue division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS), ouvre une enquête. Les premiers indices sont maigres : pas de traces d’effraction, aucun mobile apparent, et l’arme du crime reste introuvable.
Malgré un important travail d’investigation, les policiers se heurtent à une absence de témoignages solides. Plusieurs pistes sont explorées, allant d’un règlement de comptes à un crime de rôdeur, sans qu’aucune ne permette d’identifier un suspect formel.
Pendant plus d’une décennie, le dossier reste ouvert mais stagne. Pourtant, les enquêteurs n’abandonnent jamais. Ils continuent à exploiter les moindres éléments, espérant un jour faire la lumière sur ce crime.
Le tournant survient en mars 2025, lorsqu’un article publié dans Var-Matin, dans le cadre d’une série sur les faits divers non élucidés, remet en lumière l’affaire. Intitulé « Lardé de coups de couteau le jour de la Saint-Valentin à Six-Fours », le papier évoque l’émotion suscitée par la mort de l’adolescent.
Cette publication va provoquer un déclic inattendu. Un lecteur, bouleversé, décide de contacter la police. Il livre un témoignage crucial mettant en cause un proche de la victime, déjà identifié lors de l’enquête initiale mais jamais inquiété jusque-là.
L’homme désigné est un ami de Diego, âgé de 20 ans à l’époque des faits. Consommateur de produits stupéfiants, il avait été vu dans le quartier le jour du meurtre. Son ADN, retrouvé près de la scène de crime, n’avait pourtant pas suffi à l’incriminer formellement.

Encouragés par ce signalement, les enquêteurs recueillent dans les jours suivants d’autres témoignages accablants. Le 8 avril 2025, ils interpellent le suspect à son domicile de Montpellier et le placent en garde à vue.
Face aux preuves et interrogé par les services de la DCOS, le suspect finit par avouer. Il déclare avoir tué Diego Bodin lors d’un « moment de délire », alors qu’il était sous l’effet de drogues. Aucun mobile rationnel n’est avancé.
Le lendemain, le 9 avril, il est présenté devant un magistrat instructeur pour sa première comparution. Le parquet de Toulon requiert son placement en détention provisoire, mesure sur laquelle doit statuer le juge des libertés et de la détention.
Onze ans après les faits, l’arrestation et les aveux du suspect apportent enfin une réponse à la famille de Diego, qui n’a jamais cessé de réclamer justice. Le « cold case » du Brusc, qui semblait condamné à l’oubli, connaît ainsi un dénouement aussi soudain qu’inattendu.