Meurtre à Saint-Christol : un différend locatif vire à l’exécution dans un quartier paisible
Un homme de 28 ans a été abattu de quatre balles jeudi soir, devant son véhicule, dans une rue résidentielle du Gard. Le principal suspect, un quadragénaire alcoolisé, a été interpellé peu après les faits.
Le calme apparent d’une soirée printanière à Saint-Christol-lez-Alès a volé en éclats, jeudi 10 avril 2025, lorsqu’un écho sourd et glaçant s’est élevé dans la nuit. Vers 22 heures, des coups de feu ont retenti dans la paisible rue Rosa-Parks, troublant l’ordre feutré de cette commune cévenole. Un quartier dit « sans histoire » venait d’être le théâtre d’un drame irréversible.
Lorsque les forces de police et les pompiers du Gard accourent, alertés par plusieurs riverains effrayés, ils découvrent une scène d’une violence sèche, presque irréelle. Gisant à même le bitume, à quelques mètres d’un véhicule maculé de sang, un homme est en train de perdre pied avec la vie. Il présente pas moins de quatre impacts de balles, logés aux jambes, déchiquetant chairs et artères.
La victime, un homme de 28 ans, est extraite de son véhicule par les secours, qui s’affairent dans une tension palpable. Le souffle de la mort rôde déjà. Transporté en urgence à l’hôpital Carémeau de Nîmes, il succombera à ses blessures peu avant minuit. Ce que l’on pensait n’être qu’un fait divers allait bientôt dévoiler les contours troubles d’un conflit meurtrier.
Les premières constatations orientent rapidement les soupçons vers un homme de 44 ans, identifié grâce aux dires de témoins encore sous le choc. Interpellé peu après les faits, il est retrouvé en état d’ébriété manifeste, vacillant autant sous l’alcool que sous le poids de ce qui vient de se produire. Il est placé en garde à vue, tandis que la police judiciaire entame une enquête en flagrance pour homicide volontaire.
Dans les heures qui suivent, les contours d’un mobile se dessinent lentement, comme à travers une vitre embuée. Un différend, semble-t-il ancien, opposerait la victime et le suspect, dans ce qui pourrait être une affaire locative. Mais les rôles de chacun – locataire ou propriétaire – restent à ce jour flous, perdus dans le tumulte de ce face-à-face tragique.
Sur les lieux, les techniciens en identification criminelle recueillent des éléments capitaux : un impact sur la portière du véhicule, des douilles au sol, et des projections sanguines qui racontent, dans leur silence macabre, les dernières secondes d’un homme pris au piège. Le quartier, figé par l’effroi, est plongé dans une torpeur inquiète.
Les témoignages, lacunaires et empreints d’émotion, dressent le portrait d’un affrontement bref, mais fulgurant. « Trois trous dans la jambe… c’est devenu la jungle ici », murmure un habitant, encore tremblant. Ces mots, simples et crus, traduisent l’onde de choc qui traverse cette bourgade d’ordinaire paisible.
Le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini, confirme l’ouverture d’une information judiciaire et suit personnellement l’évolution de l’affaire. L’autopsie de la victime, attendue dans les prochains jours, viendra lever le voile sur les causes exactes du décès et peut-être, sur la violence des tirs.
Le suspect, quant à lui, reste pour l’instant mutique, cloîtré dans le silence brumeux de la garde à vue. L’alcool, le ressentiment, la fatigue d’un contentieux ancien : tout cela a-t-il suffi pour déclencher l’irréparable ? Ou bien un secret plus obscur sommeille-t-il encore dans l’ombre ?
À Saint-Christol-lez-Alès, les volets se ferment plus tôt depuis ce soir-là. Et dans les allées calmes de ce quartier désormais endeuillé, le spectre d’un coup de feu résonne encore, insistant, comme pour rappeler qu’aucune quiétude n’est jamais absolue.
