Luigi Mangione : la justice fédérale réclame la peine de mort
Le ministère de la Justice veut une condamnation capitale pour Luigi Mangione, accusé d’avoir tué le PDG Brian Thompson en décembre dernier.

Le ministère américain de la Justice réclamera la peine de mort contre Luigi Mangione, principal accusé dans l’assassinat de Brian Thompson, PDG de UnitedHealthcare. L’annonce de cette décision par la procureure générale Pam Bondi marque une escalade majeure dans ce dossier très médiatisé. Luigi Mangione, 26 ans, diplômé d’une prestigieuse université Ivy League et issu d’une riche famille du Maryland, est accusé d’avoir abattu Brian Thompson devant un hôtel de Manhattan le 4 décembre 2024, alors que celui-ci assistait à une conférence d’investisseurs.
Arrêté après une traque d’une semaine dans un McDonald’s en Pennsylvanie, Mangione était en possession d’une arme artisanale et d’un carnet détaillant un plan méticuleux pour traquer sa victime. Il fait désormais face à des accusations à la fois fédérales et étatiques. À l’échelle fédérale, il est poursuivi pour meurtre avec usage d’une arme à feu et encourt la peine capitale. Parallèlement, dans l’État de New York, Mangione est inculpé pour meurtre au premier degré avec circonstances terroristes, ainsi que pour d’autres chefs d’accusation incluant possession d’armes et faux documents. Il risque, sur le plan étatique, la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.
La décision de requérir la peine de mort fédérale s’inscrit dans une politique plus large initiée par l’administration Trump, déterminée à relancer les exécutions fédérales. Dès son retour au pouvoir en janvier 2025, Donald Trump avait explicitement demandé au ministère de la Justice de recourir à la peine capitale pour les crimes graves. La procureure générale Bondi avait alors dénoncé les commutations de peine décidées par son prédécesseur, Joe Biden, qui avait transformé en perpétuité les sentences de 37 condamnés à mort fédéraux.
En réponse, l’avocate de Luigi Mangione, Karen Friedman Agnifilo, dénonce fermement cette orientation, la qualifiant de « barbare » et « politique ». Selon elle, la décision du ministère de la Justice contredit les recommandations des procureurs fédéraux locaux et reflète davantage une volonté politique qu’un réel souci de justice. Elle estime que Mangione est ainsi transformé en « trophée » symbolique par l’administration Trump.
Début février, Mangione a renforcé sa défense en recrutant Avraham Moskowitz, un avocat reconnu pour avoir représenté plus de cinquante accusés dans des affaires de peine capitale. Cette affaire a également suscité un vaste mouvement de soutien populaire, permettant à Mangione de collecter plus de 700 000 dollars pour couvrir ses frais juridiques.
L’affaire promet un procès très médiatisé, cristallisant les débats sur la peine de mort, l’accès aux soins de santé et les tensions idéologiques aux États-Unis. Aucune date de procès fédéral n’a été fixée à ce jour, le ministère ayant précisé que la procédure étatique aurait lieu en premier. En attendant, Mangione demeure en détention fédérale à Brooklyn.