
Dans la nuit du 26 au 27 novembre 2023, un incendie spectaculaire ravage une maison familiale dans le petit village de Châteauvilain, en Isère. Réveillés en sursaut, les habitants assistent impuissants à la propagation des flammes. Les pompiers, rapidement dépêchés sur place, découvrent dans les décombres deux corps carbonisés.
L’enquête révèle bientôt une vérité encore plus sombre : les victimes, un homme de 58 ans et son épouse de 52 ans, ont été tuées par balles avant l’incendie. Le couple, bien connu dans la commune, vivait avec leurs deux fils, Valentin, 15 ans, et son frère aîné de 17 ans, ce dernier ayant quitté le domicile familial la veille du drame.
Alors que les enquêteurs s’interrogent sur les circonstances du crime, un élément troublant émerge : Valentin est introuvable. Un appel à témoins est diffusé et six jours plus tard, le jeune garçon est interpellé à Montpellier. Placé en garde à vue, il passe rapidement aux aveux : il reconnaît avoir prémédité et exécuté l’assassinat de ses parents avant d’incendier la maison pour effacer les traces. Après son crime, il avait pris la fuite à bord du véhicule parental, retrouvé accidenté une quarantaine de kilomètres plus loin.
Mis en examen pour « assassinat » et « destruction par incendie », Valentin est placé en détention provisoire. Son profil intrigue les experts : souffrant, comme sa mère, de la maladie de Lyme, il avait été déscolarisé et semblait s’être replié sur lui-même. Certains évoquent une dégradation de son état psychologique liée aux douleurs chroniques et aux effets neurologiques de sa pathologie.
Le drame suscite une onde de choc à Châteauvilain, village d’environ 800 âmes, où la famille menait une existence sans histoire. Le père, ingénieur et ancien conseiller municipal, était apprécié pour son engagement local, tandis que la mère travaillait à domicile dans l’artisanat.
Un an plus tard, Valentin, désormais âgé de 17 ans, comparaît devant le tribunal pour enfants de Bourgoin-Jallieu. Le procès, qui s’ouvre ce mardi 11 mars 2025 et se tiendra à huis clos, doit éclairer les raisons de son passage à l’acte.
Son avocat plaide l’altération du discernement, une circonstance atténuante qui, si elle est retenue, pourrait réduire sa peine. « Il n’a pas agi sous une abolition totale de son jugement, mais son discernement était altéré », affirme Me Sophie Jonquet, avocate de la grand-mère de l’accusé, partie civile dans ce procès.
Le jeune homme encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle, bien que son statut de mineur au moment des faits implique des peines moins sévères que celles infligées aux adultes.
Les parties civiles, comprenant son frère, ses deux demi-sœurs, son oncle paternel et sa grand-mère maternelle, oscillent entre douleur et incompréhension. Si certains souhaitent une condamnation exemplaire, d’autres espèrent une issue qui permette à l’adolescent de se reconstruire. Le verdict, attendu jeudi, pourrait marquer la fin judiciaire de cette tragédie.