Double meurtre en Isère : un voisin irréprochable derrière l’exécution
Clotilde, 26 ans, et son ex-compagnon ont été abattus d’une balle dans la tête dans leur maison à Crêts-en-Belledonne. Le principal suspect n’est autre que le voisin de la jeune femme, mis en examen six mois après les faits.
Dans la paisible commune de Crêts-en-Belledonne, nichée entre Grenoble et Chambéry, le calme a volé en éclats le soir du 3 octobre 2024. Ce jour-là, un homme de 63 ans compose le 17, affirmant avoir découvert les corps sans vie de deux jeunes adultes au deuxième étage d’une maison du village. Les victimes sont rapidement identifiées : Clotilde, 26 ans, et son ex-compagnon, 29 ans, tous deux abattus d’une balle dans la tête. Une exécution froide, méthodique. Dans la maison, une femme de 98 ans, grand-mère de Clotilde, dormait paisiblement, épargnée par l’horreur.
Très vite, les gendarmes de la Section de recherches de Grenoble écartent la piste d’un meurtre-suicide. Aucune arme n’a été retrouvée sur la scène, et les indices matériels ne concordent pas avec cette hypothèse. Les deux jeunes vivaient séparément depuis la condamnation de l’ex-compagnon pour violences conjugales, en 2022. Cette décision de justice avait formellement interdit au jeune homme de s’approcher de Clotilde.
Alors que les enquêteurs s’emploient à comprendre le déroulé du drame, leur attention se tourne vers un homme jusque-là hors de tout soupçon : le voisin sexagénaire, premier à donner l’alerte. Il avait expliqué avoir été réveillé par des détonations. Placé en garde à vue six mois plus tard, il finit par avouer avoir abattu le jeune homme. Selon ses dires, il aurait trouvé Clotilde déjà morte, et aurait tué l’ex-compagnon dans un accès de rage et de justice personnelle.
Mais cette version des faits ne convainc pas la juge d’instruction. Les analyses de la scène de crime, les positions des corps, et l’absence d’arme sapent la crédibilité du récit du suspect. Le jeudi 10 avril 2025, le parquet de Grenoble confirme la mise en examen et l’incarcération du voisin de 63 ans pour double meurtre. Jusqu’alors inconnu de la justice, l’homme s’était pourtant attiré la sympathie de son entourage.
Les enquêteurs poursuivent leurs investigations pour démêler la vérité et comprendre ce qui a poussé ce sexagénaire à commettre un acte d’une telle violence. Le mobile du crime reste flou, entre obsession, protection dévoyée et vengeance personnelle. Ce drame a profondément choqué la communauté locale, d’autant plus que l’affaire implique un homme décrit par tous comme « discret et serviable ». Les habitants de Crêts-en-Belledonne peinent à croire à cette brutale réalité.
Alors que l’instruction suit son cours, les familles des victimes, plongées dans la douleur, attendent que justice soit rendue. L’affaire rappelle, une fois encore, combien les tragédies humaines peuvent se cacher derrière les façades les plus tranquilles.
