En ce samedi 18 juillet 1981, la bastide des Massié à Auriol s’apprête à accueillir un repas familial. Marie-Dominique Massié, son fils Alexandre, ses parents et le compagnon de sa sœur sont réunis dans la maison, tandis que Jacques Massié, chef local du SAC, s’est absenté. Vers 15 heures, un commando de six hommes armés et masqués fait irruption dans la propriété, espérant piéger Massié.
Constatant son absence, les assaillants prennent en otage les cinq personnes présentes, les ligotent dans une chambre à l’étage, et décident d’attendre le retour de leur cible. Trois heures plus tard, les otages commencent à reconnaître certains membres du commando, dont Jean-Bruno Finochietti, un instituteur connu de la famille. Cette révélation scelle leur sort.
Sous l’impulsion de Lionel Collard, le massacre débute : les otages sont descendus un à un, étranglés ou tués à l’arme blanche. Marie-Dominique supplie qu’on épargne son fils Alexandre, âgé de 7 ans, mais l’enfant est sauvagement assassiné à coups de tisonnier, puis achevé au couteau par Finochietti. Les corps sont ensuite transportés et enfouis dans une mine désaffectée près du village des Mayons.
Aux alentours de 3 heures du matin, Jacques Massié rentre à son domicile. Il est attaqué par le groupe, poignardé, puis achevé violemment sur un trottoir. Son corps est chargé dans une voiture avant d’être enterré dans un bois du Var. Pendant ce temps, Ange Poletti met le feu à la bastide pour effacer toute trace du carnage.
Le lendemain matin, le voisinage remarque de la fumée et découvre une maison partiellement incendiée, des traces de sang et des objets épars. Marina Massié, la sœur de Jacques, arrive sur les lieux, prend conscience de la scène d’horreur, et alerte aussitôt la gendarmerie. Rapidement, les enquêteurs découvrent des masques chirurgicaux, des liens, et une scène de crime soigneusement préparée.
L’enquête, confiée au SRPJ de Marseille sous l’autorité de la juge Françoise Llaurens-Guérin, se tourne immédiatement vers le milieu du SAC. Très vite, Finochietti craque lors de sa garde à vue et avoue sa participation à six meurtres, tout en refusant de nommer ses complices. Grâce à ses aveux, les corps de la famille Massié sont retrouvés.
D’autres arrestations suivent, touchant notamment trois employés des Postes affiliés à la CGT, qui reconnaissent leur rôle dans l’opération. Le nom de Pierre Debizet, secrétaire général du SAC, est cité, et il est inculpé avant de bénéficier d’un non-lieu en appel.
Le procès s’ouvre en mai 1985 aux assises des Bouches-du-Rhône. Les peines sont lourdes : réclusion criminelle à perpétuité pour Jean-Joseph Maria, Lionel Collard, Ange Poletti; vingt ans pour Jean-Bruno Finochietti et Didier Campana ; quinze ans pour Jean-François Massoni. Malgré les aveux, le mobile exact du massacre reste partiellement voilé, mêlant querelles internes, malversations, et règlement de comptes dans les coulisses du SAC.
Plus de deux décennies plus tard, Marina Massié croise par hasard Jean-Bruno Finochietti. L’ancien instituteur, rongé de remords, accepte de lui parler. Elle ne lui pardonnera jamais, mais dit avoir trouvé un semblant de paix face à ses regrets.





