Trois jeunes vies ont été fauchées le matin du 11 février 2014, dans une résidence de la rue Sicard à Trois-Rivières, lorsque Kaven Sirois et Cédric Bouchard, armés et déterminés, ont pénétré dans la maison des sœurs Roxanne et Raphaëlle Boisvert. Les deux jeunes hommes ont ouvert le feu, tuant froidement les deux sœurs ainsi que Jessy Chevalier, le copain de Raphaëlle.
Malgré la peur, Raphaëlle Boisvert, 17 ans, est restée en ligne avec le 911 jusqu’à la toute fin, tentant de raisonner ses assaillants. Elle est abattue quelques instants plus tard, avec sa sœur, à quelques mètres de l’endroit où elles avaient grandi ensemble. Jessy Chevalier, passionné de guitare et d’arts visuels, rêvait de devenir métallurgiste. Son avenir prometteur s’est brutalement éteint ce matin-là, laissant derrière lui une famille dévastée et une chaise vide à chaque souper de fête.
L’intervention rapide de la police de Trois-Rivières a permis l’arrestation des deux suspects dans les minutes suivant le drame. Ils sortaient calmement de la maison lorsque les agents sont arrivés, révélant une absence troublante de remords.
Dès le lendemain, les deux adolescents ont été accusés de meurtres au premier degré et de complot pour meurtre, incluant un plan visant la mère des sœurs et des policiers. La ville entière est en état de choc. En quelques jours, la communauté se mobilise : une veillée a lieu au Collège Marie-de-l’Incarnation, suivi d’une cérémonie à l’Université du Québec à Trois-Rivières, rassemblant plusieurs centaines de personnes en mémoire des victimes.
Le 20 février 2014, plus de 1500 personnes assistent aux funérailles des trois jeunes, unies dans un silence chargé d’émotion à la cathédrale de Trois-Rivières. Le 23 juin suivant, Kaven Sirois plaide coupable aux trois meurtres, confirmant que la jalousie l’avait poussé à élaborer ce plan macabre. Il avait mal accepté que Raphaëlle refuse ses avances et trouve l’amour auprès d’un autre.
Un an plus tard, Cédric Bouchard plaide à son tour coupable. Il n’avait aucun lien avec les victimes, mais a participé activement aux meurtres, envisageant même de filmer les scènes pour les diffuser. Les deux complices sont condamnés à la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant dix ans. Le juge les assujettit à des peines pour adultes, relevant leur culpabilité morale et la préméditation glaçante du crime.
En 2016, Sirois est transféré à l’Institut Philippe-Pinel, d’où il demandera en 2025 à être transféré plus tôt que prévu dans un pénitencier. Selon son psychiatre, il aurait bénéficié de tous les services disponibles, bien qu’il n’ait jamais exprimé de véritable empathie envers les familles endeuillées. Bouchard, quant à lui, demeure en détention et voit sa demande de semi-liberté rejetée en janvier 2024. Les rapports d’experts soulignent ses traits narcissiques, sa manipulation et son refus persistant de reconnaître pleinement ses actes. Dans une salle d’audience remplie de familles éprouvées, le juge Raymond W. Pronovost a déclaré que ces meurtres étaient d’une violence extrême, planifiés « comme un adulte l’aurait fait ».


