Dans la touffeur accablante de l’été géorgien, un drame glaçant s’est noué à Macon, bouleversant à jamais la quiétude d’une communauté universitaire. Lauren Giddings, jeune diplômée en droit à l’avenir prometteur, se préparait avec ferveur à passer l’examen du barreau. Rayonnante, studieuse, elle incarnait tout ce que l’on espère pour une fille, une sœur, une amie. Elle partageait son quotidien dans une résidence paisible, Barristers Hall, à deux pas de la faculté de droit de Mercer.
Dans le même immeuble, derrière des lunettes épaisses et un comportement effacé, vivait Stephen McDaniel, ancien camarade de promotion. Une silhouette discrète, presque invisible. Mais derrière cette façade banale sommeillait une obsession morbide, une fascination silencieuse qui, lentement, virait au cauchemar.
À l’aube du 26 juin 2011, mû par une pulsion préméditée, McDaniel s’introduisit dans l’appartement de Lauren grâce à un passe volé. Portant des gants et dissimulé sous un masque, il se glissa dans la chambre, s’approcha sans bruit, et, dans un geste d’une violence froide, l’étrangla alors qu’elle dormait. Le lendemain, il revint pour accomplir l’impensable : il dépeça le corps de sa victime dans la salle de bain avec une scie à métaux. Certaines parties furent dissimulées dans des poubelles alentour, tandis que le torse fut abandonné dans une benne à ordures proche de leur immeuble.
Les jours suivants, le silence de Lauren alarma ses proches. Sans réponse à leurs appels, ses amis contactèrent sa sœur, Kaitlyn Wheeler, qui alerta à son tour les autorités. Le 30 juin, la police de Macon fit une découverte macabre : un torse humain, dissimulé dans une benne derrière Barristers Hall. Les tests ADN confirmèrent rapidement ce que tous redoutaient : il s’agissait bien de Lauren Giddings.
Pendant ce temps, Stephen McDaniel se montrait sous un autre jour. Devant les caméras locales, il se fit interviewer, adoptant le masque du voisin compatissant. Mais lorsqu’un journaliste lui annonça, en direct, qu’un corps venait d’être retrouvé, son visage se figea, ses yeux se vidèrent. « Un corps ?… Je crois que je dois m’asseoir », murmura-t-il. Cette réaction captée en temps réel fut un tournant dans l’enquête.
Convoqué par les enquêteurs, McDaniel fut interrogé durant douze heures. Il nia le meurtre, mais admit un cambriolage survenu quelques jours plus tôt, suffisant pour justifier une arrestation immédiate. La perquisition de son logement révéla l’ampleur de l’horreur : la scie utilisée pour démembrer le corps, des sous-vêtements de la victime, et surtout, des vidéos enregistrées par le tueur lui-même, la filmant à son insu depuis la fenêtre.
En août 2011, Stephen McDaniel fut officiellement inculpé pour le meurtre de Lauren Giddings. Après trois années de procédures, il plaida coupable en 2014 dans le cadre d’un accord lui évitant la peine capitale. Il fut condamné à la réclusion à perpétuité, avec possibilité de libération conditionnelle après trente ans. Dans sa confession, il retraça froidement chaque étape du crime, du repérage à l’exécution.
Depuis les murs de la prison d’État de Hancock, McDaniel a tenté, sans succès, de faire appel à plusieurs reprises, dénonçant des irrégularités procédurales. En 2018, son père lança même une campagne de financement pour couvrir ses frais juridiques, mais celle-ci fut rapidement retirée face à l’indignation publique.
La famille de Lauren, elle, tente de transformer le deuil en mémoire vivante. Une plaque orne désormais la faculté de droit de Mercer, un banc rose repose dans le parc Washington, et des événements caritatifs sont organisés chaque année pour honorer son nom. Kaitlyn, sa sœur, a même donné à sa fille le prénom de Lauren, comme un souffle de vie transmis malgré la tragédie.


