Le 7 juillet 1985, Patricia Hettier publie un avis de recherche dans L’Est républicain pour retrouver son père, Bernard Hettier, disparu depuis deux semaines. Ce contremaître de 54 ans, divorcé, n’a plus donné signe de vie depuis le 22 juin. Très vite, l’enquête se tourne vers son ancienne amante, Simone Weber, dont les voisins ont témoigné l’avoir vue le guetter avec un fusil en main devant son domicile, le jour même de sa disparition.
Le passé de leur relation éclaire l’enquête : débutée en octobre 1981 alors que Hettier lui rendait service en tondant son jardin, leur liaison s’était rapidement détériorée en raison de la jalousie et de la possessivité de Weber. Hettier, harcelé après leur rupture, confiait à ses proches qu’il se sentait persécuté.
Les soupçons s’intensifient lorsque la police découvre un arrêt maladie envoyé au nom de Bernard Hettier à son employeur. Il s’avère être un faux, établi avec le nom du gendre de Simone Weber. Lors d’une perquisition, les enquêteurs mettent la main sur une quarantaine de tampons en caoutchouc permettant de falsifier des documents médicaux.
Des voisins affirment avoir vu Weber descendre dix-sept sacs poubelle de chez elle dans la nuit du 23 juin, après des bruits suspects évoquant un aspirateur ou une machine puissante. Or, la veille de la disparition, elle avait loué une meuleuse à béton, officiellement pour des travaux de jardin. L’outil est retrouvé dans son coffre, taché de sang et avec un morceau de chair encore accroché au disque.
Les enquêteurs découvrent que Weber et sa sœur, Madeleine, utilisent un code dans leurs conversations téléphoniques, se référant à la voiture de Bernard Hettier sous le nom de « Bernadette ». Une écoute révèle qu’elles échangent des résultats fictifs du loto, en réalité des numéros de cabines téléphoniques pour éviter d’être surveillées.
Le 15 septembre 1985, un pêcheur trouve un tronc humain sans tête ni membres dans un bras mort de la Marne. Il est enveloppé dans du plastique et une valise lestée d’un parpaing. Les analyses et témoignages désignent Bernard Hettier comme la victime probable. Le juge d’instruction Gilbert Thiel, convaincu de la culpabilité de Weber, ordonne l’arrestation des deux sœurs le 8 novembre 1985. Madeleine Weber est inculpée pour recel de preuves et destruction d’éléments dans une affaire criminelle.
L’enquête s’étend au passé trouble de Simone Weber, notamment à la mort suspecte de Marcel Fixard, un militaire à la retraite qu’elle avait épousé par supercherie en 1980. Trois semaines après ce mariage frauduleux, Fixard décède brutalement. Weber falsifie son testament pour hériter de sa maison à Rosières-aux-Salines. Le juge Thiel soupçonne un empoisonnement à la digitaline, mais les preuves sont insuffisantes.
Après cinq ans d’instruction et un dossier judiciaire de 18 000 pages, le procès de Simone Weber s’ouvre le 17 janvier 1991 devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle. L’accusée multiplie les incidents : elle renvoie 25 avocats, insulte les témoins et récuse des jurés. Malgré les preuves accablantes, l’avocat général requiert vingt ans de réclusion criminelle. Weber éclate de rire à l’énoncé de la peine.
Le 28 février 1991, la cour l’acquitte du meurtre de Marcel Fixard mais la condamne à vingt ans de réclusion pour le démembrement de Bernard Hettier, sans retenir la préméditation. Sa sœur, Madeleine, écope de deux ans pour recel de vol et destruction de preuves.


