À la veille de Noël 2002, dans la ville paisible de Modesto, en Californie, Laci Peterson, enceinte de huit mois, disparaît sans laisser de trace. Rayonnante et impatiente d’accueillir son premier enfant, elle semblait incarner l’image d’un bonheur tranquille. Ce jour-là, elle rend visite à sa sœur pour une coupe de cheveux, en compagnie de son mari, Scott Peterson, vendeur de matériel agricole au charme discret et aux allures de gendre idéal.
Quelques heures plus tard, Scott affirme qu’il part pêcher dans la baie de San Francisco, laissant Laci chez elle, occupée à quelques tâches domestiques avant de promener leur chien. Le soir venu, la jeune femme ne réapparaît pas. Son époux, inquiet, contacte la famille. Le chien est retrouvé errant, la laisse couverte de boue, mais aucun signe de Laci.
Très vite, la police de Modesto se mobilise. Fouilles, battues, hélicoptères : tout est mis en œuvre pour retrouver la future mère. Pendant plusieurs jours, Scott affiche un calme troublant face aux caméras, participant sans émotion visible aux recherches. Cet aplomb intrigue les enquêteurs autant qu’il déroute l’opinion publique.
Le vernis commence à se fissurer lorsque, en janvier 2003, une femme nommée Amber Frey contacte la police. Elle révèle entretenir une liaison avec Scott, qui s’était présenté à elle comme veuf. Sous la direction des enquêteurs, elle accepte d’enregistrer leurs conversations. À mesure que les bandes s’accumulent, l’image du mari éploré s’effondre.
Trois mois plus tard, le drame prend une tournure macabre. Deux corps sont retrouvés sur les rives de la baie de San Francisco : celui d’un nouveau-né encore rattaché par un cordon ombilical, et celui d’une femme dont le tronc seul subsiste. L’analyse ADN confirme ce que tout le monde redoute : Laci et son fils à naître, Conner, ont été retrouvés.
Scott est arrêté peu après, en possession de plusieurs téléphones portables, d’armes, de milliers de dollars en liquide, et arborant une apparence modifiée. Sa voiture contient tout le nécessaire pour une cavale. L’homme que l’on croyait dévasté se préparait manifestement à fuir.
Son procès s’ouvre en juin 2004 dans une atmosphère électrique. L’accusation, privée de preuve directe, s’appuie sur un faisceau de circonstances accablantes : mensonges, adultère, incohérences, attitude fuyante. Pour beaucoup, le mobile est clair : se libérer de sa vie familiale pour commencer une nouvelle existence.
En novembre, le verdict tombe : Scott est reconnu coupable du meurtre au premier degré de son épouse, et au second degré de son fils. Il est condamné à mort en décembre. Il entame alors une longue attente dans le couloir de la mort de la prison d’État de San Quentin.
Mais l’affaire est loin d’être close. En 2020, la Cour suprême de Californie annule la sentence capitale, pointant des irrégularités dans la sélection du jury. En 2021, la peine est commuée en prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.


