L’affaire débute en janvier 2014, lorsque le corps sans vie de Harold Sasko, 52 ans, est découvert dans sa maison de Lawrence, Kansas. Il gît au sol, presque décapité, les poignets et chevilles attachés par des colliers de serrage. Une inscription en lettres de sang, « FREEDOM », est tracée sur un mur à proximité. Trois jours plus tôt, il avait été tué par Sarah Gonzales-McLinn, une jeune femme de 19 ans qui vivait chez lui.
Peu après le meurtre, McLinn prend la fuite à bord de la voiture de Sasko, accompagnée de son chien. Elle traverse plusieurs États et est localisée le 25 janvier 2014 par un ranger du National Park Service dans les Everglades, en Floride, où elle campe illégalement. Elle est arrêtée sur une accusation de drogue non liée, puis extradée au Kansas.
Lors des premières auditions, McLinn confesse avoir broyé des somnifères dans la bière de Sasko, l’avoir attaché pendant son sommeil, avant de lui trancher la gorge avec un couteau de chasse. Elle affirme avoir agi sous l’impulsion d’une personnalité dissociée appelée Alyssa, née de troubles psychologiques profonds et d’un passé d’abus sexuels.
Lors de son procès en mars 2015, l’accusée est reconnue coupable de meurtre avec préméditation. Malgré la défense invoquant un trouble dissociatif de l’identité, le jury estime le meurtre « atroce, cruel et particulièrement odieux ». McLinn est condamnée à la peine dite du Hard 50 : la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération avant 50 ans.
Le Dr Erik Mitchell, médecin légiste, présente des photos de la victime montrant des plaies nettes et profondes au cou, confirmant que l’arme utilisée est conforme au couteau saisi. La scène du crime comporte également une cible dessinée sur une cloison, utilisée semble-t-il pour s’entraîner à lancer des couteaux.
Durant le procès, l’avocat de la défense, Carl Cornwell, plaide la maladie mentale, rappelant les abus subis par McLinn depuis l’enfance, notamment un viol à 15 ans et une relation coercitive avec Sasko, qui l’aurait contrainte à subir deux chirurgies esthétiques. Il insiste pour qu’elle soit internée plutôt qu’incarcérée.
En 2020, après plusieurs recours, une révision de son procès est acceptée. Le tribunal reconnaît que McLinn a reçu une assistance juridique inefficace, notamment parce que Cornwell lui avait conseillé de refuser un accord de plaidoyer plus favorable.
À la suite de cet accord entre la défense et le procureur, sa peine est réduite à 25 ans minimum, ouvrant une possibilité de libération en 2039. En parallèle, des militants en sa faveur, estimant qu’elle a agi pour échapper à un contrôle et des abus, soumettent une demande officielle de clémence au gouverneur Laura Kelly en décembre 2022.
En mai 2024, deux réunions d’information sont organisées pour sensibiliser le public à cette démarche. Son ancienne codétenue, Roxanne Merriman, témoigne publiquement : « Sarah n’est pas un monstre. Elle est brillante, brisée, et profondément humaine. »
La Cour suprême du Kansas, tout en confirmant la culpabilité de McLinn et la nature particulièrement violente du meurtre, renvoie l’affaire en Douglas County pour correction d’une erreur de jugement liée à une supervision à vie post-libération, non conforme au droit.
Aujourd’hui âgée de 26 ans, Sarah Gonzales-McLinn espère une réduction de peine supplémentaire ou une grâce, arguant qu’elle a tué pour survivre à l’enfer que représentait sa captivité. Mais pour les proches de Sasko, elle reste une meurtrière méthodique et impitoyable.


