Le drame débute à Mestre, près de Venise, lorsque Roberto Succo, 19 ans, tue sauvagement ses deux parents au cœur de leur domicile. Lors d’une violente dispute, il poignarde sa mère Marisa avec un couteau de boucherie, traîne son corps dans la baignoire et la recouvre d’eau, avant d’abattre son père Nazario, policier, à coups de hachette à son retour du commissariat.
Peu après ce double meurtre perpétré le 9 avril 1981, il s’enfuit au volant de l’Alfa Romeo paternelle, traversant le nord-est de l’Italie jusqu’au Frioul, où il est arrêté à la frontière yougoslave. Déclaré schizophrène par la justice italienne, il est reconnu pénalement irresponsable et interné pour dix ans dans un hôpital psychiatrique de Bologne.
À peine cinq ans plus tard, bénéficiant d’un régime de semi-liberté, il s’évade en mai 1986 alors qu’il suit des études de géologie à Parme. Il prend la fuite en direction de la France, où il entame un périple criminel d’une violence rare, semant la terreur entre les Alpes et la Méditerranée.
Le 3 avril 1987, à Tresserve près de Chambéry, il tue le brigadier André Castillo d’une balle dans la gorge, dérobant ensuite son arme de service. Moins d’un mois plus tard, le 27 avril, il enlève France Vu-Dinh dans la région d’Annecy. L’ancienne enseignante ne sera jamais retrouvée. Le même jour, il agresse un chauffeur et kidnappe le jeune médecin Michel Astoul, retrouvé mort en octobre, abattu d’une balle dans la tête.
La série noire se poursuit le 27 juin, lorsqu’il enlève une mère et son fils de 15 ans à Pugny-Chatenod, en Savoie. Il les relâche nus mais vivants après les avoir menacés d’une arme sur les hauteurs du mont Revard. Quatre mois plus tard, le 24 octobre, il viole et assassine Claudine Duchosal chez elle, à Menthon-Saint-Bernard, d’une balle de 9 mm dans la tête.
Considéré comme l’un des criminels les plus recherchés d’Europe, il poursuit sa cavale meurtrière dans le sud de la France. Le 28 janvier 1988, à Toulon, il tend un guet-apens à deux policiers. Il tue l’inspecteur Michel Morandin de plusieurs balles de calibre .357 Magnum et blesse grièvement son collègue Claude Aiazzi.
Son arrestation survient enfin le 28 février 1988 à Mestre, dans la région de Venise. Les Carabiniers, aidés par les parents de sa jeune compagne Francesca qui l’ont reconnu sur un portrait-robot diffusé par la RAI, mettent fin à sa traque. Le lendemain, il tente de s’évader de la prison en escaladant les toits, mais chute lourdement, se fracturant trois côtes et se déboîtant une épaule.
Refusant son extradition vers la France, la justice italienne ordonne une nouvelle expertise psychiatrique. Le 9 mai, Succo est déclaré de nouveau pénalement irresponsable, diagnostiqué schizophrène paranoïde. Interné à la prison de Vicence, il met fin à ses jours le 23 mai 1988 en inhalant du gaz butane dans un sac plastique.


