Le 28 novembre 1991, la police met fin à la cavale sanglante de Rémy Roy, un ancien skipper devenu journaliste pigiste. Derriere cette arrestation, une série de meurtres d’une rare violence perpétrée entre octobre 1990 et octobre 1991, visant exclusivement des homosexuels contactés via le minitel rose.
Tout commence le 11 octobre 1990, lorsque Paul Bernard, un agent d’assurances de 46 ans, accepte un rendez-vous avec Roy dans un sous-bois de Draveil, au bord de la Seine. Le lendemain matin, un pêcheur découvre son corps, nu, le crâne fracturé et la tête recouverte d’un pantalon. Il est mort asphyxié.
Moins de dix jours plus tard, dans la nuit du 19 au 20 octobre, Roy frappe de nouveau. Cette fois, sa victime est Gilbert Duquesnoy, un astrologue de 48 ans connu sous le nom de « mage Nathaniel ». Après avoir bu un verre chez lui à Champigny-sur-Marne, Roy l’assomme à coups de marteau. Son cadavre est retrouvé deux jours plus tard par son compagnon.
Le 17 novembre 1990, c’est Hugues Moreau, chef d’entreprise spécialisé dans le revêtement mural, qui tombe sous les coups de Roy. Dans son arrière-boutique du 16e arrondissement de Paris, il est retrouvé nu, gisant sur le ventre, les poignets attachés et le crâne fracassé. Roy s’empare de chéquiers et de cartes bancaires avant de disparaître.
Pendant près d’un an, il échappe à la justice. Mais le 8 octobre 1991, il commet une erreur. Chez Bruno Giraudon, un fonctionnaire de 32 ans résidant à Villeneuve-Saint-Georges, il tente d’exécuter le même mode opératoire. Toutefois, Giraudon survit à son agression. Trois jours plus tard, en état de parler, il fournit aux enquêteurs des détails déterminants.
L’enquête s’accélère. En novembre 1991, Roy utilise un chèque volé à Bruno Giraudon pour acheter du matériel vidéo. Il présente une pièce d’identité falsifiée, mais le vendeur photocopie le document et des caméras de surveillance captent son visage. Les enquêteurs recoupent ces images avec celles des journaux nautiques pour lesquels il a travaillé.
Le 28 novembre 1991, Rémy Roy est interpellé à son domicile de Villejuif. Dans sa parka, la police retrouve le chéquier et le permis de conduire de Bruno Giraudon. En garde à vue, il nie toute intention criminelle et affirme avoir été poussé à bout par ses victimes, qu’il qualifie de « pervers ». Il prétend avoir agit par légitime défense et assure que tous étaient encore vivants lorsqu’il les a quittés.
L’analyse psychiatrique met en lumière son rejet profond de l’homosexualité, ainsi que des tendances sadomasochistes refoulées. Les expertises psychologiques révèlent un passé d’humiliations et de traumatismes, dont il se sert pour justifier ses actes.
Le 26 juin 1996 s’ouvre son procès devant la cour d’assises du Val-de-Marne à Créteil. La préméditation n’est retenue que pour deux des trois meurtres, mais la série d’assassinats choque l’opinion publique. Le 28 juin 1996, Rémy Roy est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 18 ans.


