Le 30 mars 2003, aux alentours de 22 heures, Chantal d’Amato, 53 ans, quitte son domicile de Meyrargues pour promener son chien, laissant sa porte d’entrée déverrouillée, comme à son habitude. Profitant de cette opportunité, Poncé Gaudissard s’introduit discrètement dans la maison. Une demi-heure plus tard, à son retour, Chantal est violemment attaquée, ligotée et battue par son agresseur. Celui-ci lui bande ensuite les yeux à l’aide de sparadrap. Peu après, vers 23 heures, sa fille Audrey d’Amato, 24 ans, rentre à son tour après un week-end passé chez son compagnon. À peine entrée, elle subit le même sort : ligotée, les yeux bandés, avant d’être frappée et mutilée de 29 coups de couteau. Audrey meurt sur le coup. Après ce premier meurtre, Gaudissard retourne dans la chambre de Chantal et l’égorge froidement. Afin d’effacer les preuves, il met le feu à la maison, verrouille la porte et prend la fuite.
Le lendemain matin, le 31 mars 2003, Christine Maréchal, une amie de Chantal, s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles. Le compagnon de Chantal partage son angoisse en constatant leur absence sur leurs lieux de travail. Il décide alors de se rendre sur place et découvre que les volets et la porte sont fermés à clé. Alerté, il contacte les pompiers. À leur arrivée, ces derniers remarquent une fumée s’échappant des volets. En forçant l’entrée, ils découvrent les corps calcinés de Chantal et Audrey. L’autopsie confirme que les deux femmes ont été assassinées avant l’incendie.
Dès mi-avril 2003, les enquêteurs soupçonnent que l’assassin connaissait ses victimes, notamment en raison de l’acharnement sur Audrey. L’attention se porte rapidement sur le cercle proche de la jeune femme. Son petit ami et l’ancien compagnon de Chantal sont interrogés et placés en garde à vue avant d’être disculpés. Les prélèvements ADN sur la scène du crime orientent les investigations vers d’autres suspects.
En mai 2003, Gaudissard est convoqué pour un prélèvement ADN, bien qu’il nie toute implication. Aucun lien génétique n’étant établi, il est relâché. L’enquête piétine et, malgré de nouveaux prélèvements jusqu’en janvier 2004, aucun suspect formel n’émerge.
Le 2 février 2004, Gaudissard récidive en attaquant et violant sa belle-sœur, Muriel Montborgne, après avoir coupé l’électricité de son immeuble. La police, alertée par une voisine, intervient rapidement et arrête Gaudissard. L’époux de Muriel fait alors le lien avec le double homicide de Meyrargues et contacte les enquêteurs. L’accusé est mis en examen et placé en détention préventive.
Le 12 février 2004, Gaudissard est interrogé sur le double meurtre, mais il maintient son innocence, avançant un alibi qui s’avère fictif. Les enquêteurs, convaincus de sa culpabilité, cherchent un mobile et découvrent qu’Audrey avait eu connaissance de son passé criminel et de ses dettes judiciaires, ce qui aurait pu le pousser à agir.
Le 30 mars 2004, un an après le crime, Gaudissard est formellement mis en examen pour double assassinat. Durant les interrogatoires, il tente de justifier son attirail (gants, briquet, sparadrap, couteau) par des raisons anodines. Malgré son déni, la justice l’inculpe et le renvoie en prison.
En 2006, il est renvoyé aux assises pour le viol de Muriel Montborgne puis pour le double homicide de Meyrargues. En 2007, il est condamné à 15 ans de prison pour viol. Son procès pour meurtre s’ouvre le 1er juillet 2008. Il clame son innocence, et l’absence d’ADN probant alimente sa défense. Pourtant, les témoignages accablants des victimes rescapées le décrivent comme violent et sadique. Le 4 juillet 2008, il est condamné à 30 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de 20 ans.
En novembre 2009, l’affaire prend un tournant inattendu : un ADN retrouvé sur la scène du crime correspond à un autre homme, Philippe L., résidant à Compiègne. Cependant, une enquête prouve qu’il n’a jamais quitté sa région et qu’il s’agit d’une erreur de manipulation du laboratoire. Malgré cette bévue, Gaudissard reste incarcéré et son procès en appel est reporté.
Le 14 mars 2011, il est rejugé devant la Cour d’assises du Var. Les témoignages de ses anciennes victimes et l’analyse de son profil psychologique le décrivent comme un criminel méthodique et potentiellement récidiviste. Le 18 mars 2011, il est condamné à la perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans pour le double assassinat de Meyrargues. Ainsi s’achève un long combat judiciaire, marqué par des erreurs mais finalement conclu par une condamnation définitive.


