Tout commence en août 2000, lorsqu’un colis suspect est adressé à Christophe Priou, alors maire du Croisic et président du Syndicat intercommunal de la Côte d’Amour (Sicapg). Le 24 novembre 2000, ce colis — une chaîne hi-fi piégée — explose dans les locaux du syndicat à La Baule, tuant Jacques Leparoux, un employé venu la brancher.
Très vite, les soupçons se portent sur Philippe Rivet, 29 ans à l’époque, candidat malheureux aux cantonales de mars 2001 au Pouliguen, où il briguait un mandat face à Christophe Priou. Militant d’extrême droite, ancien membre du GUD et du FNJ, Rivet s’était lancé en politique pour « être utile » mais nourrissait une haine manifeste envers les institutions.
Issu d’une famille catholique de la petite bourgeoisie, Rivet se décrit comme un adolescent en colère. Il rejoint rapidement les sphères radicales, participe à des actions violentes et cultive une ambition politique démesurée. Pourtant, derrière cette façade, l’homme accumule les mensonges : échec au bac, refusé par l’armée, et se faisant passer pour étudiant à Assas alors qu’il nettoyait les appartements de sa mère.
Le 10 février 2001, quelques mois après l’attentat de La Baule, Jean-François Hili, surnommé « Jeff », un proche de Rivet et considéré comme un témoin clé dans l’affaire, disparaît mystérieusement. Ce soir-là, Jeff partage un dîner — une fondue bourguignonne — chez Rivet à L’Étang-la-Ville, en compagnie de deux autres anciens du GUD, Jean-Louis Ravaud et Vassilios Bazos.
Selon leurs témoignages, Jeff, en état d’ébriété, est drogué puis conduit en pleine nuit dans la forêt de Marly. Là, Philippe Rivet l’aurait exécuté d’un coup de fusil à pompe avant d’ensevelir son corps sous un lit de chaux. Aucune trace du corps, ni de l’arme, n’a été retrouvée. Mais les enquêteurs évoquent l’élimination d’un témoin gênant.
Mis en examen en 2001 pour l’attentat de La Baule, Rivet est ensuite poursuivi pour l’assassinat de Hili en 2002. En 2003, il est condamné à 28 ans de réclusion pour l’attentat. Puis une seconde peine de 27 ans lui est infligée pour l’assassinat présumé de Jean-François Hili. Deux demandes de remise en liberté ont été refusées.


