L’histoire débute dans l’été ordinaire de 1982 à La Rochelle, lorsqu’une fonctionnaire alerte la police après une demande suspecte de renouvellement de papiers au nom d’André Gachy, un instituteur porté disparu. L’homme qui tente d’obtenir les documents est Nadir Sedrati, un escroc notoire, déjà fiché pour usurpation d’identité et escroquerie.
Au fil des décennies, ce manipulateur endurci, né en 1938 en Isère, construit une vie faite de fausses identités, d’hôpitaux psychiatriques, de prisons et de disparitions suspectes. En 1994, il échappe une nouvelle fois à la justice dans l’affaire Léon Krauss, qui se soldera par un non-lieu.
Tout bascule à la Pentecôte 1999, lorsque des fragments de corps humains, soigneusement découpés, sont retrouvés dans le canal de la Marne au Rhin, à Nancy. Trois rotules, des mains, une tête en décomposition… le puzzle macabre laisse présager plusieurs victimes.
Quelques semaines plus tard, l’identification d’un doigt en état de décomposition révèle le nom d’Hans Gassen, un ancien détenu, qui avait récemment été en contact avec Nadir Sedrati. Gassen partageait même sa cellule avec Sedrati et un autre ancien braqueur, Hans Müller.
Les policiers remontent alors une piste téléphonique jusqu’à un appartement à Laxou, loué sous le nom de Philippe Grossiord, un alias de Sedrati. Lors de la perquisition, ils découvrent un broyeur à végétaux, des traces de sang, une scie, un couteau, ainsi qu’un bocal de cyanure de potassium.
Le 21 juillet 1999, Sedrati est arrêté. Il est soupçonné non seulement du meurtre de Gassen, mais aussi de ceux de Gérard Steil et Norbert Ronfort, tous deux également d’anciens codétenus. Steil est identifié grâce à une rotule et à l’ADN prélevé sur des restes retrouvés dans le canal.
Le corps de Ronfort, disparu le jour même de sa sortie de prison, ne sera jamais retrouvé. Toutefois, des traces de son sang et une casquette lui appartenant sont retrouvées dans l’appartement de Sedrati, établissant un lien direct.
En mars 2000, l’escroc simule la folie en prison : il tente de se suicider, mange ses excréments et boit son urine. Mais les experts psychiatres concluent à une stratégie manipulatrice, décrivant Sedrati comme « un affabulateur pervers », capable de recommencer à tout moment.
Le 25 avril 2002 s’ouvre à Nancy le premier procès pour l’assassinat des trois hommes. Sedrati, provocateur, nie tout en bloc. Le 3 mai, il est condamné à la perpétuité avec 20 ans de sûreté. Il interjette appel.
Un an plus tard, le 26 mai 2003, à l’issue du procès en appel, il est de nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté allongée à 22 ans. La Cour de cassation confirmera cette décision en octobre 2004. À ce jour, Nadir Sedrati reste un criminel insaisissable, mêlé à au moins cinq disparitions non élucidées.


