C’est dans le petit village de Montgardin, niché dans les Hautes-Alpes, qu’un drame familial d’une rare violence s’est joué à l’automne 2020. Martine Bertrand, 57 ans, commandante de police tout juste retraitée, ne donne plus signe de vie depuis plusieurs jours. Les voisins s’inquiètent.
L’alerte est donnée et une enquête pour disparition inquiétante est ouverte. Ce mardi 27 octobre, les forces de l’ordre procèdent à la fouille du domicile de la disparue. Le corps de la policière est retrouvé au rez-de-chaussée de sa maison. Elle a été tuée dans des circonstances sordides : un sac plastique sur la tête, une laisse de chien et un câble électrique autour du cou.
Dès les premières heures, les soupçons se tournent vers son fils, Rémi, alors âgé de 16 ans. Il est déjà en garde à vue depuis la veille dans une affaire de stupéfiants. Injoignable depuis plusieurs jours, sa mère ne répondait plus à ses appels ni à ses messages. Les enquêteurs remarquent plusieurs incohérences dans le récit du jeune homme. Il est également trouvé en possession du téléphone portable et de la carte bancaire de la victime. Rapidement, l’adolescent passe aux aveux, reconnaissant avoir tué sa mère.
Le lendemain, il est mis en examen pour meurtre sur ascendant par un juge d’instruction du pôle criminel de Grenoble, puis placé en détention provisoire. À ce stade, les circonstances précises du crime restent floues, les enquêteurs s’en remettant à l’autopsie pour en apprendre davantage. Le choc est immense dans la région. Martine Bertrand, figure respectée de la police locale, ancienne cheffe des renseignements territoriaux et directrice adjointe de la sécurité publique à Gap, laisse derrière elle des collègues stupéfaits et une mère effondrée.
Au cours des investigations et des expertises psychologiques, le portrait d’une relation mère-fils complexe se dessine. Une relation fusionnelle, enfermée dans un huis clos familial, marquée par des tensions croissantes au fil des mois.
Lors du procès à huis clos, qui s’est tenu devant la cour d’assises des mineurs des Hautes-Alpes, Rémi comparaît durant six jours. L’avocat général requiert 18 ans de réclusion criminelle, insistant sur la violence des faits. La défense plaide l’absence de préméditation et évoque une scène d’une extrême violence, certes, mais sans volonté initiale de tuer. Le caractère non prémédité du crime est retenu : il s’agit d’un meurtre et non d’un assassinat.
La cour reconnaît l’atténuation de responsabilité liée à l’âge du prévenu au moment des faits. Rémi, aujourd’hui âgé de 18 ans, est condamné le mardi 16 mai à 14 ans de réclusion criminelle, assortis de cinq années de suivi socio-judiciaire et d’une obligation de soins. Aucun appel n’est formé, ni par l’accusé ni par le parquet. La peine devient donc définitive.


