Jacques Perrot, avocat parisien réputé et ami d’enfance de Laurent Fabius, épouse en 1982 Darie Boutboul, jockey célèbre et personnalité médiatique. Leur relation, passionnée mais conflictuelle, se dégrade rapidement, notamment en raison des infidélités répétées de Perrot et de la jalousie affichée de son épouse. Le couple, qui a eu un fils, se sépare finalement, et Jacques Perrot retourne vivre dans l’appartement familial situé avenue Georges-Mandel à Paris.
Le soir du 27 décembre 1985, Jacques Perrot est abattu froidement sur le palier de son appartement, tué de trois balles de calibre 22 Long Rifle, tirées à bout portant dans l’œil gauche, la tempe et le cœur. Quelques heures auparavant, il devait dîner avec sa belle-mère, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul, mais celle-ci avait mystérieusement annulé le rendez-vous au dernier moment. Sur les lieux, les enquêteurs découvrent que le pneu de sa voiture a été crevé et l’antivol de sa moto bloqué, suggérant ainsi un guet-apens prémédité.
Dès le début de l’enquête, les soupçons se portent sur Marie-Élisabeth Cons-Boutboul, belle-mère autoritaire et intrigante, qui nie fermement toute implication malgré les indices accumulés contre elle. En janvier 1986, l’affaire prend une tournure spectaculaire quand, lors d’une émission télévisée, Darie Boutboul apprend en direct que son père, supposément mort selon sa mère, est en réalité vivant et réside à Paris.
Le 5 mai 1988, l’enquête rebondit brutalement avec la découverte du corps de Bruno Dassac, truand havrais proche du monde des courses hippiques, assassiné et retrouvé dans le port du Havre. Les policiers mettent en évidence des transactions financières suspectes entre Cons-Boutboul et Dassac, notamment un virement de 140 000 francs peu après le meurtre de Jacques Perrot.
Le 6 juin 1989, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est placée en garde à vue, inculpée dans un premier temps pour complicité d’homicide volontaire concernant la mort de Bruno Dassac, puis pour complicité d’assassinat de son gendre le 9 octobre 1989. Elle est placée en détention provisoire à Fleury-Mérogis, mais ne cessera jamais de clamer son innocence.
En septembre 1989, le témoignage décisif d’Isauro Figuier, un chauffeur de taxi parisien, affirme avoir entendu Cons-Boutboul souhaiter « donner une correction » à son gendre Jacques Perrot. Après une longue instruction judiciaire, le procès débute finalement le 2 mars 1994 devant la cour d’assises de Paris, où Cons-Boutboul affiche une attitude distante et théâtrale, multipliant les contradictions.
Malgré l’absence d’identification formelle du tireur, le 24 mars 1994, Marie-Élisabeth Cons-Boutboul est condamnée à 15 ans de réclusion criminelle pour complicité d’assassinat. Après neuf ans d’emprisonnement, elle est libérée le 28 décembre 1998, pour raisons médicales et bonne conduite, sans jamais avoir avoué ou révélé la vérité sur l’affaire.
Marie-Élisabeth Cons-Boutboul décède le 15 avril 2021 à Blois à l’âge de 96 ans, emportant définitivement avec elle le secret d’un crime qui aura marqué durablement les esprits par son extravagance et son mystère.


