Le 21 avril 1993, en pleine période de vacances scolaires, le corps de Denise Descaves, 55 ans, principale du collège Pierre-Brossolette à La Chapelle-Saint-Luc, est découvert dans son bureau. Elle a été poignardée avec un coupe-papier et étranglée avec un fil de téléphone. Le crime, commis dans un établissement en zone sensible, suscite une vive émotion parmi les enseignants et la population locale.
Dès le départ, l’enquête s’oriente vers Pierre Dubois, 51 ans, responsable de la section d’enseignement spécialisé du collège. Ses relations tendues avec la victime sont connues de tous. Un blâme émanant de l’Inspection académique à son encontre vient d’être retrouvé dans la poubelle du bureau de la défunte. Cinq jours après le crime, il est placé en garde à vue et avoue l’avoir tuée, avant de se rétracter. Faute de preuves matérielles, il est libéré après 24 heures.
En novembre 1993, un détenu affirme que Denise Descaves aurait surpris un trafic de drogue au sein de l’établissement, ce qui aurait conduit un jeune délinquant à la tuer. Mais l’enquête piétine, faute d’éléments probants. Pendant quatre ans, aucune avancée décisive n’est réalisée.
En avril 1997, une contre-expertise remet en cause l’heure de la mort initialement estimée. La victime aurait été assassinée entre 12 h 05 et 12 h 35, et non entre 13 h 15 et 14 h. Or, à cette heure-là, Pierre Dubois est encore au collège. De plus, 65 fibres vertes correspondant à son survêtement sont retrouvées sur la veste de la victime. Un jardinier l’aurait aperçu près des lieux du crime peu avant le drame. Le 10 avril 1997, Pierre Dubois est arrêté et mis en examen pour assassinat.
Son procès s’ouvre le 9 juin 2000 devant la cour d’assises de l’Aube. L’accusation met en avant les conflits répétés entre l’accusé et la victime, l’absence d’alibi crédible et les éléments matériels. La défense insiste sur l’absence de témoins directs et le cheveu blond retrouvé dans la main de la victime, mystérieusement disparu du dossier. Après plusieurs jours d’audience marqués par des témoignages accablants, Pierre Dubois est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
En 2002, lors de son procès en appel, la peine est réduite à 15 ans de prison. En 2003, un troisième procès se tient après un pourvoi en cassation. Une nouvelle expertise estime que Denise Descaves a été étranglée simultanément à mains nues et avec le fil du téléphone, mais la thèse du trafic de drogue n’est pas retenue. Pierre Dubois est condamné à 18 ans de réclusion. Après 12 ans d’incarcération, Pierre Dubois bénéficie d’une libération conditionnelle et prend sa retraite.


