Dans la quiétude trompeuse du plateau du Vivarais, au cœur de la Haute-Loire, le pensionnat du Collège Cévenol semblait offrir un havre de paix à des adolescents venus de toute la France. C’est pourtant dans ce cadre réputé pour son ouverture et sa bienveillance que le drame s’est noué, un jour de novembre 2011, bouleversant à jamais le visage de cette petite commune.
Agnès Marin, une jeune élève de treize ans, vive, cultivée, passionnée de dessin, disparaît mystérieusement dans l’après-midi du 16 novembre. Plusieurs heures passent sans qu’elle ne réapparaisse. L’inquiétude gagne peu à peu les enseignants et les internes. Le soir venu, son absence au dîner déclenche l’alerte. La direction du collège prévient aussitôt les autorités, et les premières recherches sont lancées dans les environs boisés de l’établissement.
Dès le lendemain, les gendarmes mobilisent d’importants moyens : fouilles de terrain, chiens pisteurs, hélicoptère, interrogatoires des élèves et du personnel. Mais aucune trace de la jeune fille. Ce n’est que deux jours plus tard que l’enquête connaît un tournant glaçant. Un élève de 17 ans, Matthieu Moulinas, finit par avouer avoir attiré Agnès dans la forêt, sous le prétexte trompeur d’une promenade à la recherche de champignons hallucinogènes. Là, dans la pénombre des bois, il l’a violée, poignardée à dix-sept reprises, puis a tenté d’effacer les traces de son crime en incendiant le corps avec de l’essence qu’il avait pris soin d’emporter.
Le choc est d’autant plus immense que le profil du meurtrier révèle un passé déjà profondément inquiétant. Quelques mois avant d’intégrer le Collège Cévenol, Matthieu avait été mis en examen pour un viol commis avec préméditation et arme blanche sur une adolescente dans le Gard. Placé en détention provisoire pendant quatre mois, il avait ensuite été libéré sous contrôle judiciaire, grâce à une expertise psychiatrique concluant à une altération du discernement sans risque immédiat de récidive. Le juge des enfants avait accepté son retour en milieu scolaire. Seul le Collège Cévenol, fidèle à ses idéaux de réinsertion, avait accepté de l’accueillir, sans que les autres élèves ni leurs familles ne soient informés de son passé.
L’enquête criminelle met rapidement au jour les dysfonctionnements graves de la chaîne judiciaire et administrative. Les rapports psychiatriques, jugés approximatifs, avaient sous-estimé la dangerosité du jeune homme. L’établissement scolaire, de son côté, n’avait reçu que des informations partielles, sans être réellement averti de la nature exacte des faits passés.
Le procès de Matthieu Moulinas s’ouvre en juin 2013 à Puy-en-Velay, dans une tension extrême. Face à une cour d’assises pour mineurs, il fait preuve d’un calme glaçant, détaillant son acte avec une froideur qui glace l’auditoire. Après plusieurs jours d’audience, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, une peine rarissime pour un mineur, qui reflète la gravité et la préméditation du crime. Cette décision sera confirmée en appel en octobre 2014, avec une obligation de soins psychiatriques à vie.


