Lorsque Martine Rénéric, 25 ans, répond à une offre d’emploi dans le sud-ouest de la France en décembre 1985, elle ne se doute pas qu’elle vient d’entrer dans l’engrenage d’un duo criminel. Après un dîner cordial avec le couple Bourdin-Fasquel, elle est conduite dans un gîte isolé, où son cauchemar commence : séquestrée, battue, brûlée, violée, puis relâchée le lendemain avec un billet de train et des excuses dérisoires.
Catherine Jouan, 18 ans, tombe dans le même piège quelques jours plus tard. Le rituel de l’enfermement sadique se répète. Attachée au lit, rouée de coups, elle subit pendant des heures les violences du couple avant d’être libérée, contre quelques billets et sous menace de mort en cas de plainte.
Bernadette Loriot, elle aussi, subit le même traitement en janvier. Mais cette fois, les témoignages concordants de plusieurs victimes permettent aux forces de l’ordre d’identifier le modèle de voiture du couple, une Renault 25 sombre, et de localiser un gîte abandonné où sont retrouvés des objets suspects : cordelette, bougies, papiers d’identité falsifiés.
L’affaire prend une tournure plus sombre début février 1986, lorsqu’une promeneur découvre le corps de Geneviève Soulas-Godard, 37 ans, abandonné nu en rase campagne près d’Amiens. L’autopsie révèle des traces de torture effroyables : brûlures, coups, et même l’empreinte d’un talon féminin sur la poitrine. Alors que les enquêteurs dressent peu à peu le portrait des deux prédateurs, Christine Morros disparaît dans le Tarn-et-Garonne. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard dans un bois : elle a été violée, étranglée et battue à mort. Le mode opératoire ne laisse plus de doute sur la culpabilité du couple.
Le 11 février, Josette Founeau, infirmière, est enlevée en plein jour. Violée sous la menace d’un pistolet, humiliée pendant des heures, elle est finalement relâchée. Mais avant même de pouvoir alerter, elle croise, impuissante, le début du calvaire de Geneviève Tujague, 27 ans, elle aussi kidnappée par le couple dans une cabine téléphonique. Geneviève, comme les premières victimes, est torturée, mais échappe à la mort. Grâce à son témoignage, les autorités déclenchent une chasse à l’homme nationale mobilisant près de 1 000 agents dans tout le pays.
La cavale se termine brutalement le 14 février 1986. Alors qu’ils tentent de forcer un barrage routier, les gendarmes ouvrent le feu. Marc Fasquel, blessé de plusieurs balles, meurt avant d’atteindre l’hôpital. Jocelyne Bourdin est arrêtée sur place, hurlant son incompréhension dans une scène d’une violence absurde.
Lors du procès à huis clos en mai 1989 à la cour d’assises de Montauban, Jocelyne Bourdin tente de rejeter la responsabilité des crimes sur son compagnon décédé. Mais les victimes sont formelles : elle a participé activement à chaque agression, attachant, surveillant, et parfois même incitant les actes de barbarie. Condamnée à 20 ans de réclusion criminelle avec 13 ans de sûreté, elle purge l’intégralité de la peine avant sa libération en 1999. Jusqu’à sa mort en 2020, elle n’aura jamais reconnu sa part dans les crimes monstrueux qui ont marqué la France d’une trace indélébile.


