L’affaire Marc Dutroux est l’une des plus sombres de l’histoire criminelle belge, marquée par l’horreur et des défaillances judiciaires majeures. Tout commence en juin 1995, lorsque Julie Lejeune et Mélissa Russo, deux fillettes de 8 ans, disparaissent à Grâce-Hollogne, près de Liège. En août de la même année, ce sont An Marchal (17 ans) et Eefje Lambrecks (19 ans) qui sont enlevées à Ostende.
Le 13 août 1996, Marc Dutroux, un électricien déjà condamné pour viols et enlèvements, est arrêté à Sars-la-Buissière avec son épouse, Michelle Martin, et un complice, Michel Lelièvre. Quelques jours plus tard, le 15 août, les enquêteurs découvrent un cachot secret dans la cave de sa maison à Marcinelle, où Sabine Dardenne (12 ans) et Laetitia Delhez (14 ans), enlevées respectivement en mai et août 1996, sont retrouvées vivantes.
Le 17 août, les corps de Julie et Mélissa sont exhumés du jardin de la propriété de Dutroux. Les autopsies révèlent qu’elles seraient mortes de faim après avoir été enfermées pendant plusieurs mois. Le 3 septembre 1996, les corps d’An et Eefje sont retrouvés dans une autre propriété de Dutroux à Jumet.
L’affaire prend une tournure explosive lorsqu’il apparaît que Dutroux avait déjà été condamné en 1989 pour des faits similaires, mais avait bénéficié d’une libération conditionnelle en 1992. Ce laxisme judiciaire provoque une onde de choc en Belgique et entraîne la célèbre Marche Blanche en octobre 1996, où plus de 300 000 personnes réclament justice et réformes.
L’instruction est marquée par des dysfonctionnements criants : en 1998, Dutroux parvient même à s’évader brièvement du palais de justice de Neufchâteau, exploitant l’incompétence des autorités avant d’être repris quelques heures plus tard. Son procès, très attendu, ne s’ouvre qu’en mars 2004, après huit ans d’instruction.
Le 22 juin 2004, Marc Dutroux est reconnu coupable de meurtres, enlèvements et viols et condamné à la réclusion à perpétuité. Michelle Martin, jugée complice, écope de 30 ans de prison mais bénéficie d’une libération conditionnelle en 2012, provoquant une indignation nationale.








