En pleine nuit, un incendie éclate le 28 septembre 2008, dans la chambre conjugale de Daniel Cano, à Villard-Bonnot, en Isère. Sous l’effet de somnifères, il parvient à s’extraire des flammes, tandis que les pompiers interviennent et maîtrisent le sinistre. L’origine du feu demeure inconnue.
Un mois plus tard, le 31 octobre 2008, un promeneur découvre une voiture calcinée dans un champ. À l’arrière du véhicule, un corps méconnaissable est retrouvé, ainsi qu’un chien mort dans le coffre. L’analyse ADN permet d’identifier la victime : Daniel Cano.
Les enquêteurs s’intéressent rapidement à son épouse, Manuela Gonzalez, qui devient la principale suspecte. L’autopsie révèle la présence de trois somnifères dans l’organisme de la victime. En approfondissant les recherches, la police découvre que deux des anciens compagnons de Manuela Gonzalez, François Collazo en 1989 et Thierry Lechevallier en 1991, sont décédés dans des circonstances similaires, intoxiqués par le feu ou les gaz.
L’instruction met à jour un mobile financier : Manuela Gonzalez doit percevoir 235 000 euros d’assurances-vie et bénéficier d’une exonération de remboursement de prêt après la mort de son mari. De plus, elle est impliquée dans plusieurs escroqueries et accumule des dettes, notamment liées à une auto-école en difficulté.
En 2014, le procès s’ouvre devant la cour d’assises de l’Isère. L’avocat général dresse un portrait accablant de l’accusée, la qualifiant de « menteuse en série » et affirmant que « l’argent est le nerf de la guerre » pour elle. Le parquet requiert 30 ans de réclusion criminelle, peine qui est prononcée contre Manuela Gonzalez. Son avocat, Me Ronald Gallo, plaide l’acquittement et insiste sur l’absence de preuve matérielle.
Elle fait appel de la décision, et en raison de la lenteur de la procédure, elle est libérée provisoirement. En 2016, la cour d’assises de la Drôme confirme pourtant la condamnation à 30 ans de réclusion. Son avocat annonce un pourvoi en cassation le 30 mai 2016, mais celui-ci est rejeté. Un ultime recours devant la Cour européenne des droits de l’homme est également débouté.
Malgré l’absence de preuve directe et le manque d’aveux, les jurés considèrent que les indices sont accablants. Surnommée la « veuve noire de l’Isère« , Manuela Gonzalez a vu trois de ses compagnons mourir dans des circonstances suspectes, tandis que deux autres auraient échappé à un empoisonnement. Pourtant, elle n’a jamais cessé de clamer son innocence.


