Sous les cieux lourds de l’été 1995, la ville de Baraboo, dans le Wisconsin, fut secouée par une affaire criminelle glaçante, mêlant l’horreur à l’incompréhensible. Tout commence dans la nuit du 29 juillet, alors que Thad Phillips, 13 ans, s’endort paisiblement chez lui. Il ne se réveillera que dans la chambre sordide de Joe Clark, un adolescent de 17 ans à l’allure inoffensive, qui vient de l’enlever sans effraction, en le portant depuis son lit jusqu’à sa maison, située à quelques rues de là.
Le jeune Thad, pieds nus et encore ensommeillé, découvre rapidement l’enfer auquel il est promis. Pendant plus de 40 heures, il subit des actes de torture d’une cruauté extrême : fractures méthodiques des jambes, manipulations articulaires jusqu’à la dislocation. Joe ne frappe pas au hasard ; il écoute attentivement le craquement des os, fasciné par la douleur. Son objectif n’est pas la mort immédiate, mais une souffrance prolongée, qu’il semble orchestrer avec une précision clinique.
Enfermée dans la chambre à l’étage, la victime tente de gagner du temps, feint de coopérer, tout en mémorisant les détails de la maison. Lors d’un moment d’inattention, Thad rampe hors de la pièce, les jambes broyées, et dévale les escaliers jusqu’au téléphone fixe. Il parvient à contacter les services d’urgence, balbutiant son nom et son emplacement.
Les agents du Sauk County Sheriff’s Department arrivent rapidement au domicile de Joe Clark. Ils découvrent Thad à moitié conscient, et l’intérieur de la maison révèle une scène sordide : éclaboussures de sang, vêtements déchirés, outils improvisés. Joe est arrêté sans résistance, son visage calme, presque absent.
Dans les jours qui suivent, le témoignage bouleversant de Thad fait la une de la presse locale. Il raconte comment son bourreau s’était vanté d’avoir déjà tué un autre garçon. Ce nom ressurgit alors : Chris Steiner, 14 ans, disparu un an plus tôt dans des circonstances inexpliquées. À l’époque, son corps avait été retrouvé dans la rivière Wisconsin, et sa mort classée comme une noyade.
L’affaire prend un tournant capital quand le corps de Chris est exhumé. Une seconde autopsie médico-légale révèle plusieurs fractures similaires à celles infligées à Thad, toutes survenues avant la mort. Cette découverte relie Joe Clark à un meurtre prémédité, dissimulé sous un faux accident.
Le procureur du comté engage des poursuites pour enlèvement, tentative d’homicide, torture et assassinat. Les audiences préliminaires, suivies avec fébrilité par la communauté, dressent le portrait d’un adolescent froid, obsédé par les os et la douleur, agissant seul, sans mobile autre qu’une pulsion sadique.
Dans un dernier sursaut dramatique, l’un des amis de Joe, Michael Huebsch, tire sur Thad avant le procès, tentant de le faire taire. Mais Thad survit une fois de plus, et témoigne face à son agresseur. Le tribunal de Baraboo condamne Joe Clark à la prison à perpétuité, sans possibilité de libération anticipée.


