L’affaire Hattab-Sarraud-Subra, communément appelée l’affaire de l’Appât, secoue la France en 1984. Cette histoire macabre débute en septembre, lorsque Valérie Subra, une jeune vendeuse de 18 ans, fait la rencontre de Laurent Hattab, un « fils à papa » de 19 ans, et de son ami Jean-Rémy Sarraud, 21 ans. Ensemble, ils échafaudent un plan diabolique : Subra doit séduire des hommes riches pour les attirer chez eux, où Hattab et Sarraud les tueront afin de voler leur argent. Leur objectif est de récolter 10 millions de francs pour s’installer aux États-Unis.
Le 7 décembre 1984, le trio passe à l’acte pour la première fois. Gérard Le Laidier, un avocat de 50 ans, est ligoté et poignardé à mort dans son appartement. Le butin, dérisoire, s’élève à seulement 1 200 francs. Quelques jours plus tard, le 16 décembre, Valérie Subra attire une nouvelle victime, Laurent Zarade, directeur d’une maison de prêt-à-porter. Après une première tentative infructueuse, elle parvient à faire entrer ses complices dans l’appartement. Zarade est assassiné avec un coupe-papier, tandis que Subra regarde une vidéo dans une autre pièce. Cette fois, les meurtriers repartent avec 13 000 francs et quelques bijoux.
Le 20 décembre 1984, alors que le trio s’apprête à récidiver avec une nouvelle victime, Paul Taiclet, la police les arrête in extremis. Valérie Subra est interpellée sur son lieu de travail, suivie de près par ses deux complices. Leurs arrestations provoquent un tollé médiatique, centré sur la figure de Subra, qualifiée de « beauté diabolique » par Paris Match.
Le procès débute le 8 janvier 1988 à la cour d’assises de Paris. L’avocat des parties civiles, Francis Szpiner, dépeint Subra comme l’élément central du trio, tandis que la défense la présente comme une jeune fille immature, manipulée par ses complices. Les jurés tranchent en faveur de la thèse de Szpiner : les trois accusés sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, avec des peines incompressibles de 18 ans pour Hattab et Sarraud, et de 16 ans pour Subra.
Après des années en prison, les membres du trio sont libérés : Subra en 2001, Hattab et Sarraud en 2003. Valérie Subra, après s’être réhabilitée en prison, s’est mariée et a refait sa vie au Maroc. Jean-Rémy Sarraud, devenu informaticien, a témoigné à plusieurs reprises sur son parcours. Laurent Hattab est décédé en 2020, suivi par Sarraud en 2022. Cette affaire, qui inspira le roman « L’Appât » de Morgan Sportès et son adaptation cinématographique par Bertrand Tavernier.


