L’affaire Rey-Maupin débute dans la clandestinité, avec l’achat de deux cagoules et de gants le 4 octobre 1994, financés par un retrait de 400 francs effectué par Florence Rey, place de la République à Paris. Ce même jour, Audry Maupin récupère chez sa mère un outil destiné à scier les crosses de fusils, dans ce qui se dessine comme un projet criminel. Leur complice, Abdelhakim Dekhar, est chargé de faire le guet à la pré-fourrière de Pantin où les deux jeunes anarchistes s’introduisent clandestinement.
Vers 21 h 25, Rey et Maupin escaladent le grillage et prennent d’assaut la guérite des gardiens, les menaçant et s’emparant de deux revolvers Manurhin. En fuite, ils croisent un témoin et perdent contact avec Dekhar, qui disparaît dans la nuit. Pris de panique, le couple détourne un taxi, prend en otage le chauffeur Amadou Diallo et un passager, le Dr Georges Monnier.
Lorsque le taxi percute une voiture de police à Nation, un véritable carnage commence : Audry Maupin tue deux policiers à bout portant et abat le chauffeur du taxi, tandis que Florence Rey échange des tirs depuis l’arrière du véhicule. Le médecin parvient à s’échapper, deux passants sont blessés par des balles perdues, et un troisième policier, Régis Decarreaux, est grièvement touché.
Le couple en cavale prend un autre otage, Jacky Bensimon, à bord d’une Renault Supercinq noire. Commence alors une course-poursuite effrénée jusqu’au bois de Vincennes, au cours de laquelle un motard de la police est blessé par les tirs nourris d’Audry Maupin, encouragé par Rey à « buter » l’agent.
Un barrage de police est en place route de Gravelle. Malgré les menaces de Rey, l’otage tire le frein à main ; la voiture dérape, s’immobilise et les policiers ouvrent le feu. Maupin, gravement blessé, s’effondre, tandis que Rey se rend sans opposer de résistance après avoir embrassé son compagnon mourant.
Audry Maupin décède le lendemain à l’hôpital Bicêtre, portant à cinq le nombre de morts, dont trois policiers. Florence Rey, seule survivante du duo, est inculpée de meurtres et de vols à main armée. L’enquête identifie Abdelhakim Dekhar comme le mystérieux « troisième homme », arrêté le 18 octobre 1994 à Aubervilliers.
Le procès s’ouvre le 17 septembre 1998. Rey, mutique, est décrite comme une jeune femme influençable, sous l’emprise de Maupin, mais non dangereuse. Les experts psychiatres mettent en avant un environnement familial instable et une personnalité fragile. Dekhar, quant à lui, revendique une mission d’infiltration pour les services secrets algériens, ce que les experts jugent comme une affabulation.
Le 30 septembre 1998, Florence Rey est condamnée à vingt ans de réclusion criminelle sans période de sûreté. Dekhar, acquitté du braquage, écope de quatre ans pour association de malfaiteurs. L’affaire laisse derrière elle un pays sidéré et une capitale endeuillée, marquée par l’un des faits divers les plus sanglants de la décennie.


