le parcours meurtrier de Francis Heaulme, le « routard du crime »

Connu pour sa silhouette effacée, ses errances en stop à travers la France, et sa mémoire trouble mais bavarde, Francis Heaulme reste l’un des tueurs en série les plus redoutables du pays. Diagnostiqué psychopathe, alcoolique et épileptique, cet homme, aujourd’hui condamné à la perpétuité, a reconnu sa participation à de nombreux meurtres entre 1984 et 1992, un parcours macabre jalonné de cadavres, souvent croisés au hasard de ses pérégrinations.

Tout commence le 5 novembre 1984, à Montauville, en Meurthe-et-Moselle. Lyonnelle Gineste, une adolescente de 17 ans, est violée et assassinée par Heaulme, avec la complicité de Joseph Molins. C’est le premier crime connu de celui que l’on surnommera plus tard le « routard du crime ».

Le 29 décembre 1986, à Ogy (Moselle), il tue Annick Maurice, 26 ans, étranglée dans sa voiture, avec l’aide de Philippe Élivon, un autre marginal. Ce meurtre ne sera élucidé que des années plus tard, lorsque les deux complices passent aux aveux.

Le 22 juin 1988, à Charleville-Mézières (Ardennes), deux femmes âgées, Georgette Manesse (86 ans) et Ghislaine Ponsard (61 ans), sont battues à mort dans leur appartement. Les indices mèneront des années plus tard à Heaulme, qui avouera sa présence sur les lieux, et sera condamné en 2004 pour ces meurtres.

Le 5 avril 1989, à Port-Grimaud, dans le Var, le corps de Joris Viville, un garçon de 9 ans, est retrouvé dans un canal. Heaulme, de passage dans la région, reconnaît avoir assisté au meurtre, sans l’avoir commis seul. Il sera pourtant condamné pour ce crime.

Le 14 mai 1989, Aline Pérès, une femme de 49 ans, est agressée et tuée à coups de pierre en plein jour sur une plage du Relecq-Kerhuon (Finistère). Heaulme, qui rôdait dans la région, est arrêté peu après, mais les enquêteurs mettront plusieurs années à le relier formellement à l’affaire.

Le 18 juillet 1989, dans la Marne, Sylvie Rossi, 30 ans, est tuée par strangulation à Villers-Allerand. L’analyse ADN et les aveux partiels d’Heaulme permettront d’aboutir à une condamnation bien plus tard.

Le 7 mai 1991, à Metz, il tue Laurence Guillaume, 14 ans, avec la complicité de Michel Guillaume, son père, dans un crime sordide à caractère sexuel. Ce meurtre entraînera l’une des condamnations les plus lourdes à l’encontre d’Heaulme.

Le 5 janvier 1992, Jean Rémy, 65 ans, est retrouvé assassiné à Boulogne-sur-Mer. Il s’agira du dernier meurtre formellement attribué au tueur en série avant son interpellation.

Le double meurtre des enfants de Montigny-lès-Metz, survenu le 28 septembre 1986, marquera durablement l’opinion publique. Deux enfants de 8 ans, Cyril Beining et Alexandre Beckrich, sont retrouvés morts près d’une voie ferrée. Patrick Dils, âgé de 16 ans, est injustement condamné, avant d’être finalement acquitté en 2002. Ce n’est qu’en 2017 que Francis Heaulme est reconnu coupable de ce double homicide, après un procès très médiatisé.

Arrêté le 7 janvier 1992 à Bischwiller (Bas-Rhin) pour une tentative d’agression, Heaulme est rapidement suspecté dans une série de meurtres non élucidés. Il se confie au gendarme Jean-François Abgrall, qui établit peu à peu le lien entre ses déplacements et une série de crimes non résolus. Ce patient travail d’enquête révélera le mode opératoire d’un tueur opportuniste, qui choisissait ses victimes au hasard de ses haltes.

Au fil des années, Heaulme sera jugé à plusieurs reprises, souvent en présence des familles des victimes, qui réclament justice et vérité. En mai 1997, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. En décembre 2004, il écope de 30 ans supplémentaires pour les meurtres dans la Marne. Enfin, après un procès en 2017 puis un appel en 2018, la cour d’assises des Yvelines confirme sa culpabilité dans le double meurtre de Montigny-lès-Metz.

Le 17 juin 2020, la Cour de cassation rejette le dernier pourvoi de Francis Heaulme, mettant un terme définitif à une affaire qui aura hanté la justice française pendant plus de trois décennies.