Le juge Pierre Michel quitte le palais de justice le 21 octobre 1981 à Marseille pour rentrer déjeuner chez lui. Circulant sur sa moto Honda 125 Twin, il est pris en filature par deux hommes à bord d’une Honda CB 900 F Bol d’Or rouge. À 12h49, alors qu’il ralentit à une intersection du boulevard Michelet, il est abattu de trois balles de 9 mm Parabellum. Touché au thorax, à l’épaule et à la base du cou, il meurt sur le coup.
Dès le départ, les enquêteurs soupçonnent un assassinat commandité par le milieu marseillais, Pierre Michel s’étant forgé de nombreux ennemis en luttant contre le trafic d’héroïne et en démantelant plusieurs laboratoires de transformation. Cependant, les premières investigations piétinent. Une empreinte digitale est retrouvée sur la moto des tueurs, mais elle ne permet pas d’identifier immédiatement les responsables.
Il faut attendre 1985 pour que l’affaire connaisse un tournant. Une opération conjointe entre l’OCTRIS, la DEA et les autorités suisses aboutit à l’arrestation de quatre trafiquants de drogue marseillais : François Scapula, Charles Altiéri, Philippe Weisgrill et Jean Guy. Ils opéraient un laboratoire clandestin de production d’héroïne dans un chalet des Paccots, en Suisse. Peu après leur interpellation, Weisgrill, mis sous pression, commence à parler de l’assassinat du juge Michel.
Début 1986, Weisgrill livre des aveux circonstanciés. Il accuse François Checchi d’être le tireur, Charles Altiéri d’avoir conduit la moto et François Girard, alias « Le Blond », d’être le commanditaire. Scapula, hésitant, finit par corroborer ces accusations après une confrontation avec ses parents organisée par la justice suisse. Altiéri, en revanche, nie tout en bloc.
Dans la foulée, François Checchi est arrêté en région parisienne. Contre toute attente, il reconnaît avoir tiré sur le juge Michel, affirmant toutefois qu’il pensait participer à un simple règlement de comptes entre voyous. Il confirme qu’Altiéri conduisait la moto mais prétend ignorer qui a ordonné l’exécution.
Le 9 mai 1986, le procureur de Marseille et la justice suisse annoncent l’identification des auteurs du crime. Scapula, Checchi et Altiéri sont inculpés, tandis que François Girard, déjà incarcéré pour trafic de drogue, est mis en cause comme commanditaire. La justice découvre qu’Altiéri était chargé du volet opérationnel de l’assassinat, ce qu’il finit par avouer avant de se rétracter.
En octobre 1987, Scapula, Altiéri et Weisgrill sont condamnés à 20 ans de prison en Suisse pour leur laboratoire clandestin. Cependant, en novembre, Altiéri parvient à s’évader de la prison de Bochuz.
Le premier procès concernant l’assassinat du juge Michel se tient en juin 1988 à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. François Checchi et François Girard sont jugés en l’absence d’Altiéri et de Filippi, toujours en fuite. Checchi réitère ses aveux, tandis que Girard nie farouchement. Ils sont condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
En avril 1991, Charles Altiéri et Homère Filippi sont jugés par contumace et écopent eux aussi de la perpétuité. Mais en février 1993, Altiéri est arrêté à Chypre grâce à un mandat d’arrêt international. Extradé en France, il est rejugé en janvier 1994 et voit sa peine de perpétuité confirmée.
En 2015, François Checchi et Charles Altiéri bénéficient d’une remise en liberté conditionnelle sous bracelet électronique. En février 2017, la cour d’appel de Riom accorde la libération conditionnelle de François Girard, malgré l’opposition de la famille du juge Michel.


