Dans les paisibles forêts du Bas-Rhin, un drame glaçant est venu briser le silence d’un village alsacien. Ce 23 septembre 2023, Lina Delsarte, 15 ans, quitte le domicile familial situé à Champenay pour gagner la gare de Saint-Blaise-la-Roche. Elle espère y prendre un train vers Strasbourg, où l’attend son petit ami. Elle ne montera jamais à bord. Vers 11 h 15, la jeune fille s’engage sur la route sinueuse qui relie sa maison à la gare. Des témoins l’aperçoivent brièvement, silhouette familière dans le décor boisé. Puis, plus rien. À 11 h 22, son téléphone se tait. Plus aucun signe de vie. Ce silence soudain précipite sa mère dans l’inquiétude ; le compagnon de Lina, ne la voyant pas arriver, donne l’alerte.
Les gendarmes lancent aussitôt une enquête pour disparition inquiétante. La mobilisation est massive : battues à travers bois, chiens pisteurs, survols d’hélicoptères, drones, plongeurs sondant l’eau noire des étangs alentour. Mais malgré les moyens déployés, Lina reste introuvable. Son absence devient vertigineuse. Chaque jour qui passe semble s’éloigner un peu plus de l’espoir.
Le 1er octobre, un nouveau choc frappe la communauté : Benjamin Holtzmann, ancien compagnon de Lina, meurt dans un accident de la route après avoir fui un contrôle de vitesse. Sa voiture s’écrase à plus de 180 km/h sur la D500. Le drame, spectaculaire, alimente rumeurs et fantasmes, mais les autorités écartent tout lien avec la disparition.
L’affaire semble sombrer dans l’oubli. Pourtant, dans l’ombre, les enquêteurs poursuivent un patient travail de fourmi. En mars 2024, plusieurs personnes sont entendues, sans résultat tangible. Le mystère demeure entier, oppressant. Puis, soudain, un frisson parcourt le dossier : au cœur d’une Ford Puma retrouvée accidentée et placée en fourrière, les techniciens isolent une empreinte génétique. C’est celle de Lina. Dans la boîte à gants repose son sac à main, silencieux témoignage de son passage.
Le propriétaire du véhicule, Samuel Gonin, un homme de 43 ans domicilié à Besançon, avait déjà attiré l’attention. Il avait tenté d’échapper à un contrôle routier en janvier 2024. Interpellé puis relâché sous condition, il s’était donné la mort dans sa cellule le 10 juillet, suspendant sa vie avant que la vérité n’éclate. Trop tard pour lui demander des comptes.
Les relevés de géolocalisation révèlent un détail glaçant : le véhicule de Gonin se trouvait à proximité du lieu de disparition de Lina le jour des faits, avant de poursuivre sa route jusqu’à Nevers. Ce n’est qu’en octobre que l’insoutenable vérité refait surface. À Sermoise-sur-Loire, dans une forêt reculée de la Nièvre, les restes de Lina sont découverts, six mois après sa disparition. Un corps abîmé par le temps, mais porteur d’un silence accablant.
Le 25 octobre, la paroisse de Plaine accueille les obsèques de l’adolescente. L’émotion est à son comble, et les visages fermés ne parviennent pas à contenir les larmes. Le procureur révélera plus tard que l’autopsie privilégie la thèse d’un étranglement mécanique, probablement à l’aide des anses d’un sac. Le corps portait des traces laissant peu de doute sur la violence du geste. Toutes les preuves convergent vers une hypothèse macabre : l’acte solitaire de Samuel Gonin. Pourquoi elle ? Pourquoi lui ? Le mobile reste nébuleux, englouti dans le mutisme d’un homme désormais hors d’atteinte.


