L’affaire débute par une série d’événements macabres qui se déroulent dans les années 1970. Joël Matencio, déjà connu des services de police pour son implication présumée dans l’affaire Marin-Laflèche, va rapidement se retrouver au cœur d’une affaire criminelle bien plus grave.
Le 16 juin 1976, Joël Matencio se procure un pistolet de calibre 7,65 mm auprès de son ami Tomassini. Quelques jours plus tard, le 19 juin 1976, Matencio enlève Christian Leroy, chauffeur de car de 24 ans, et Muriel Trabelsi, une mère célibataire de 21 ans, alors qu’ils sortent d’un entretien à Grenoble. Il les conduit dans un bois à Saint-Martin-d’Uriage, où il les tue de sang-froid avant d’enterrer leurs corps sous des couches de terre.
Le 22 juin 1976, Matencio envoie une lettre au journal Dauphiné Libéré sous le pseudonyme de « Brigades rouges » et « Groupe 666 », revendiquant l’enlèvement de Leroy et Trabelsi et exigeant une rançon de 400 millions de francs pour leur libération. Le 24 juin, une nouvelle lettre des « Brigades rouges » parvient au procureur de Grenoble, réduisant la demande à 50 millions de francs et exigeant la gratuité des transports en commun de l’agglomération grenobloise pendant dix jours.
Dans la nuit du 23 au 24 juillet 1976, Matencio récidive en enlevant Olga Moïssenko, 21 ans, à Saint-Martin-d’Hères. Après avoir maîtrisé son fiancé, Marc Chavot, il conduit Olga dans un bois de La Tronche, où il la tue avant d’enterrer son corps. Matencio continue alors de harceler les autorités et les médias avec des lettres et des appels, exigeant toujours des rançons au nom du « Groupe 666 ».
Le 29 septembre 1976, Matencio envoie une nouvelle lettre au Dauphiné Libéré affirmant avoir tué Christian Leroy et Muriel Trabelsi en raison du non-paiement de la rançon, et il indique l’emplacement des corps. Les enquêteurs se rendent sur les lieux le 1er octobre 1976 et retrouvent les corps des deux victimes. L’autopsie confirme qu’ils ont été tués par balle, probablement au moment de leur enlèvement.
Le 19 octobre 1976, le journal télévisé de 20 heures diffuse un enregistrement de la voix du « Groupe 666 ». Plusieurs proches de Matencio, dont sa sœur et son beau-frère, reconnaissent sa voix et préviennent la police.
Le 20 octobre 1976, Joël Matencio, alors âgé de 28 ans, est arrêté à son domicile et placé en garde à vue. Il commence par nier toute implication, mais les témoignages et les preuves l’acculent. Matencio est inculpé pour les assassinats de Christian Leroy, Muriel Trabelsi, et Olga Moïssenko, ainsi que pour enlèvement et tentative d’escroquerie. Son procès s’ouvre le 23 octobre 1981 devant la Cour d’assises de Grenoble. Malgré ses tentatives de manipulation, il finit par avouer les meurtres, mais l’emplacement exact du corps d’Olga Moïssenko reste introuvable.
Le 31 octobre 1981, Joël Matencio est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour les assassinats de Christian Leroy, Muriel Trabelsi, et Olga Moïssenko, ainsi que pour les autres crimes qu’il a commis.


