John Reginald Halliday Christie, ancien agent spécial durant la guerre et figure apparemment banale du Londres populaire, s’installe en 1938 avec son épouse Ethel au 10 Rillington Place, dans le quartier ouvrier de Notting Hill. Le couple mène une existence discrète, presque terne, derrière les murs gris d’une maison de briques, indifférente aux tumultes de l’Histoire.
Mais derrière cette façade sans éclat, se tapit une noirceur glaçante. En 1943, Christie fait sa première victime. Il attire chez lui Ruth Fuerst, une jeune Autrichienne de 21 ans, qu’il étrangle avant de dissimuler le corps sous les planches du jardin. Le meurtre passe inaperçu. L’homme parfait son modus operandi.
Un an plus tard, il récidive. Muriel Eady, collègue fragile et souffrante, vient chercher chez lui un remède prétendument miraculeux. Christie utilise alors une méthode désormais familière : il l’endort avec du gaz domestique, abuse d’elle, puis l’étrangle. Le prédateur a trouvé son rituel.
En 1948, de nouveaux locataires montent s’installer à l’étage supérieur. Timothy Evans, un ouvrier gallois, arrive avec sa femme Beryl et leur bébé Geraldine. Le destin tragique de cette jeune famille va se jouer dans l’ombre du rez-de-chaussée.
À l’hiver 1949, Evans alerte la police : sa femme aurait disparu. Très vite, les soupçons se concentrent sur lui. Les corps sans vie de Beryl et Geraldine sont retrouvés dans une dépendance. Face à une police pressée de conclure, Evans se rétracte, s’embrouille, s’accuse. Le 9 mars 1950, il est exécuté. John Christie, lui, n’est même pas inquiété.
Mais le monstre ne s’est pas apaisé. En décembre 1952, il tue sa propre femme, Ethel, et cache le cadavre sous les lattes du plancher du salon. Il vit alors plusieurs semaines seul, dans la maison des morts, continuant à percevoir les allocations de son épouse comme si de rien n’était.
Les semaines qui suivent voient l’horreur culminer. Trois nouvelles jeunes femmes, Kathleen Maloney, Rita Nelson et Hectorina MacLennan, disparaissent après être passées par Rillington Place. Christie les endort avec le gaz, les viole, puis les tue. Il les dissimule dans une alcôve murale qu’il recouvre soigneusement de papier peint. L’odeur finit par trahir l’abominable secret.
En mars 1953, un locataire tente de poser une étagère et découvre l’impensable : les corps dissimulés dans le mur. La police lance une chasse à l’homme. Christie est retrouvé errant, quelques jours plus tard, près de Putney Bridge, un article de presse sur l’affaire Evans dans la poche.
Le procès s’ouvre en juin. Christie tente de plaider la folie, mais les preuves sont accablantes. Il est reconnu coupable du meurtre d’Ethel et condamné à mort. Le 15 juillet 1953, il est pendu à la prison de Pentonville par le bourreau Albert Pierrepoint, le même homme qui avait exécuté Timothy Evans.
Treize ans plus tard, en 1966, Evans est réhabilité à titre posthume, lavé d’un crime qu’il n’avait pas commis. Le scandale secoue l’opinion publique et alimente le débat sur la peine de mort, abolie au Royaume-Uni en 1965.


