Dans le calme feutré d’Aubignan, village provençal cerné de vignes, l’équilibre d’un foyer s’effondre un matin d’octobre 2013. Éloïse Bagnolini, 30 ans, mère attentionnée et épouse discrète, envoie à son mari un message laconique : elle ne pourra pas récupérer leur fils à l’école. Le ton est étrange, le fond inhabituel. Un frisson passe. Quelque chose cloche.
Ce soir-là, Alain Castel franchit le seuil de leur maison. Le silence y est dense. Tout semble en place : les affaires de sa femme, son sac, ses clés. Mais son véhicule a disparu. Le couple, pourtant, n’avait rien d’instable. Ils projetaient de quitter la région, de refaire leur vie en Bretagne. Rien ne laissait présager une fugue ni une rupture.
Très vite, les enquêteurs de la gendarmerie écartent l’hypothèse d’un départ volontaire. Un détail les frappe : la salle de bain porte des traces de lutte, un pommeau de douche brisé, des éclaboussures de sang invisibles à l’œil nu. Le lendemain, l’angoisse devient horreur. La voiture d’Éloïse est retrouvée, abandonnée à quelques rues de là. Dans le coffre, le corps de la jeune femme repose, ligoté, étranglé, recroquevillé dans un silence tragique.
Les recherches prennent alors un autre tournant. Les investigateurs s’intéressent au cercle intime du couple, et surtout à leur environnement professionnel. Très vite, un nom s’impose : Jessy Travaglini, collègue d’Alain, responsable RH. Belle, déterminée, charismatique, elle entretient depuis plusieurs mois une liaison avec lui. Ce que peu savent, c’est que cette relation s’est intensifiée, teintée de jalousie, de tensions souterraines et d’ultimatums.
Lorsque Jessy est convoquée, elle parle d’un rendez-vous tendu avec Éloïse. Selon elle, la jeune femme l’aurait conviée chez elle, avant qu’une dispute ne dégénère. Elle affirme avoir agi en état de légitime défense. Mais ses aveux hésitants, le mode opératoire, la dissimulation du corps et la tentative de nettoyage de la scène sapent sa version. Les éléments matériels parlent d’une tout autre vérité, plus froide, plus méthodique.
En février 2016, Jessy Travaglini comparaît devant la cour d’assises d’Avignon. Elle apparaît ferme, peu expressive, comme retranchée derrière son propre récit. Les débats sont tendus, les témoignages serrés. Elle est reconnue coupable de meurtre, la préméditation étant écartée. La peine est lourde : 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict laisse l’assistance divisée, entre compassion pour une femme consumée par une passion destructrice, et effroi face à la brutalité de ses actes. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En appel, en juillet 2017, la cour d’assises du Gard confirme la peine. Les juges n’ont pas été convaincus par la tentative de réécriture du drame. Jessy Travaglini retourne en détention, définitivement condamnée, figée dans cette histoire où l’amour s’est mué en haine, où la rivalité s’est soldée par une mise à mort.


