Le 31 décembre 1996, dans le village savoyard de Brison-Saint-Innocent, la découverte macabre d’Anne-Marie Pignal, 76 ans, bouleverse la quiétude locale. Aux premières lueurs du jour, Daniel Princic, son jardinier, retrouve la septuagénaire agonisante, un long couteau à pain planté dans la poitrine.
Rapidement, les secours et les gendarmes arrivent sur place. Mais dans la précipitation, des erreurs sont commises : les scènes de crime sont piétinées, des poignées de porte sont manipulées. Avant de succomber à ses blessures, Anne-Marie murmure quelques mots : elle a froid, elle a peur, et elle a ouvert la porte à quelqu’un qu’elle attendait. Mais elle ne révèle aucun nom.
Veuve du puissant industriel Félix Pignal, ancien PDG d’Hitachi-France, Anne-Marie gère avec rigueur l’héritage familial. Ses deux enfants adoptifs, Hélène et Hugues, sont ses seuls héritiers. Très vite, les soupçons se portent sur Hugues Pignal, fils adoptif âgé de 41 ans. Connu pour son goût du luxe et des dépenses excessives, il est lourdement endetté à hauteur de 600 000 francs et sa mère refuse de l’aider financièrement.
L’enquête révèle qu’Hugues Pignal aurait rendu visite à sa mère ce matin-là, accompagné de Patrick Balland et Jean-Claude Hardy. L’accusation soutient que le trio cherchait à faire pression sur la veuve pour obtenir de l’argent. Une dispute aurait dégénéré, menant au coup fatal. Toutefois, aucun témoin direct ne peut désigner le meurtrier avec certitude.
Jean-Claude Hardy avoue être resté à l’extérieur, n’entendant que des cris. Il déclare que Balland et un autre homme sont entrés, mais il n’identifie pas formellement Hugues. Patrick Balland, suspect clé, disparaît mystérieusement dans le lac du Bourget en 2000, sans laisser de trace.
L’absence de preuves matérielles complique le dossier, mais l’argent reste le mobile dominant. Entre 1997 et 1999, Hugues Pignal dilapide 23 millions de francs (3,5 millions d’euros), récoltés après la mort de sa mère, renforçant l’accusation à son encontre.
En 2002, Hugues Pignal et Jean-Claude Hardy sont jugés aux assises. Hardy est condamné à un an de prison, tandis que Pignal écope de 20 ans de réclusion criminelle. Il fait appel en 2003, mais le verdict est confirmé.


