Henry Lee Lucas et Ottis Toole : les tueurs en série qui ont terrorisé l’Amérique

Le 11 janvier 1960, Henry Lee Lucas assassine sa mère, Nellie Viola Lucas, à Tecumseh, dans le Michigan. Condamné pour ce matricide, il purge une peine de 10 ans avant d’être libéré en 1970. En 1976, il s’installe en Floride où il rencontre Ottis Toole, un marginal au passé criminel chargé. Les deux hommes entament alors une relation complexe, mêlant errance et activités criminelles.

En 1978, Lucas emménage avec Toole et sa nièce de 11 ans, Frieda Lorraine « Becky » Powell, à Jacksonville. Le trio mène une vie instable, entre petits boulots et déplacements fréquents. Lucas développe une relation particulière avec Becky, qui deviendra plus tard l’une de ses victimes.

Le 20 janvier 1982, Lucas persuade Becky de fuir avec lui pour échapper aux services sociaux. Ils trouvent refuge dans une communauté religieuse au Texas, mais Becky exprime rapidement le désir de rentrer en Floride. Lucas affirme l’avoir tuée le 23 août 1982, en la poignardant avant de mutiler son corps. Quelques semaines plus tard, il aurait également assassiné Kate Rich, une octogénaire texane, en la poignardant et en profanant son cadavre.

Arrêté le 11 juin 1983 pour possession illégale d’arme à feu, Lucas avoue rapidement les meurtres de Becky Powell et Kate Rich. Il mène les enquêteurs aux lieux où il prétend avoir dissimulé les corps, bien que les preuves médico-légales restent insuffisantes pour confirmer ses dires. Ces aveux renforcent néanmoins sa crédibilité auprès des autorités.

Transféré en novembre 1983 dans une prison du comté de Williamson, au Texas, Lucas entame une série de confessions spectaculaires, affirmant avoir commis plus de 100 meurtres à travers les États-Unis. Les Texas Rangers créent une cellule spéciale, la « Lucas Task Force », pour examiner ces déclarations. Lucas bénéficie alors d’un traitement de faveur : repas au restaurant, accès aux dossiers d’enquête et déplacements sans menottes.

Cependant, des journalistes du Dallas Times-Herald révèlent en 1985 que de nombreuses confessions de Lucas sont incompatibles avec des éléments factuels, notamment des alibis vérifiables. Une enquête du procureur général du Texas conclut que Lucas est un affabulateur ayant fourni de fausses confessions, souvent influencé par les informations que les enquêteurs lui fournissaient.

Malgré ces révélations, Lucas est reconnu coupable de 11 meurtres, dont celui d’une femme non identifiée surnommée « Orange Socks », retrouvée étranglée en 1979. Il est condamné à mort pour ce crime, bien que des preuves ultérieures suggèrent qu’il se trouvait en Floride au moment des faits. En 1998, le gouverneur George W. Bush commute sa peine en réclusion à perpétuité.

De son côté, Ottis Toole est condamné pour six meurtres, bien qu’il ait également fourni des confessions ultérieurement rétractées. Il est notamment suspecté du meurtre du jeune Adam Walsh en 1981, bien qu’aucune condamnation formelle n’ait été prononcée à ce sujet. Toole décède en prison en 1996, des suites d’une cirrhose.

Henry Lee Lucas meurt en détention le 12 mars 2001, à l’âge de 64 ans. Son cas a profondément ébranlé la confiance dans les méthodes d’interrogatoire policières et mis en lumière les dangers des fausses confessions. L’affaire a également suscité une remise en question des pratiques des forces de l’ordre, notamment en ce qui concerne la validation hâtive de déclarations non corroborées par des preuves tangibles.

L’affaire criminelle entourant Henry Lee Lucas et Ottis Toole demeure l’une des plus controversées de l’histoire judiciaire américaine. Leur parcours criminel, entaché de confessions douteuses et de méthodes d’enquête critiquées, a profondément marqué les services de police et la perception publique des tueurs en série.