Dans la chaleur d’un printemps ordinaire à Saint-Andéol-le-Château, le 30 mai 1995, un carnage glaçant bouleverse la quiétude du village. Ce jour-là, quatre membres de la famille Bébien sont retrouvés morts dans leur maison, abattus avec une carabine 22 long rifle. Le père, Vincent, 47 ans, la mère, Odette, 46 ans, ainsi que deux de leurs enfants, Vincent-Salvator, 21 ans, et Aline, 16 ans, ont été exécutés froidement.
Peu après les tirs, la maison s’embrase dans une explosion. Des jerricans d’essence et plusieurs bougies abandonnés sur les lieux révèlent une mise en scène macabre visant à maquiller le massacre en drame familial. Mais très vite, les experts en incendie criminel concluent à un incendie volontaire, déclenché après les meurtres. Présent sur place avant l’arrivée des secours, Éric Bruyas, le gendre de la famille, donne l’alerte, l’air hagard. Dès les premières heures de l’enquête, ses déclarations suscitent la perplexité des gendarmes. Il évoque des hommes cagoulés venus « régler un compte », mais peine à convaincre.
Placé en garde à vue, il finit par avouer avoir incendié la maison, expliquant qu’il voulait épargner à sa femme, Samantha Bébien, le traumatisme de découvrir les corps. Mais il continue à nier son implication dans les meurtres, rejetant toute responsabilité dans la tuerie.
Le 16 juin 1995, la justice le met en examen pour quadruple assassinat et destruction volontaire de preuves. Son épouse, un temps soupçonnée de complicité, est rapidement blanchie, aucun élément ne permettant d’impliquer la jeune femme dans la tuerie. L’instruction se poursuit pendant quatre longues années, rythmée par des expertises balistiques, des témoignages contradictoires, et la découverte de motifs financiers. L’accusation pointe un mobile : Bruyas aurait agi pour toucher un héritage familial conséquent.
En octobre 1999, après un procès tendu à la cour d’assises du Rhône, les jurés retiennent sa culpabilité. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans, verdict qui scelle son destin judiciaire. En 2011, Bruyas tente d’obtenir la révision de son procès, invoquant des éléments nouveaux. La Cour de révision rejette sa demande, estimant que les pièces produites sont insuffisantes pour remettre en cause le verdict. Année après année, il sollicite sans succès des libérations conditionnelles. Les experts médicaux évoquent un état de santé déclinant, mais l’administration pénitentiaire se montre réticente.
Finalement, le 25 octobre 2021, la justice accorde une suspension de peine pour raisons médicales : Bruyas est atteint d’un cancer du poumon en phase terminale. Il meurt quelques mois plus tard, le 12 janvier 2022, à Saint-Chamond, à l’âge de 54 ans, emportant avec lui les derniers secrets d’une tuerie familiale qui continue de hanter la mémoire du Rhône.


