L’histoire s’ouvre dans le silence pesant d’une banlieue varoise. Nous sommes à l’orée de l’automne 1995, lorsque le destin d’un adolescent apparemment sans histoire bascule dans l’horreur. En moins de quarante-huit heures, Éric Borel, 16 ans, va se transformer en l’un des tueurs de masse les plus meurtriers de l’histoire contemporaine française.
Rien, ou si peu, ne laissait présager l’ampleur du drame. Élève discret du lycée de Toulon, passionné d’heroic fantasy et fasciné par l’ordre militaire, Éric vivait à Solliès-Pont, auprès de sa mère Marie-Jeanne Parenti, une femme autoritaire, fervente catholique, et de son beau-père, Yves Bichet. Derrière les murs étroits de la maison familiale, les tensions couvaient, sourdes et persistantes. La violence psychologique s’insinuait au quotidien, invisible aux yeux du voisinage.
Le samedi 23 septembre, dans le calme trompeur d’un après-midi provençal, la tragédie commence. À l’abri des regards, Éric abat froidement son beau-père d’un tir à la tête, puis s’en prend à son jeune demi-frère Jean-Yves, âgé de 11 ans. Sa mère, de retour de la messe, subit le même sort. Il ne se contente pas de tirer : il fracasse les corps à coups de marteau, avant de nettoyer méthodiquement les traces de sang. Chaque geste révèle une précision glaçante, une préméditation morbide.
La nuit tombe sur une maison désormais muette. Éric s’éloigne sans se retourner, emportant avec lui sa carabine .22 Long Rifle et un sac de munitions. Il passera la nuit près d’un ruisseau, tapie dans l’ombre, comme s’il prenait le temps de réfléchir à la suite. Le lendemain, la tuerie prend un autre visage, plus brutal, plus spectaculaire.
Le dimanche 24 septembre au matin, il se rend à Cuers, dans la maison de son ami le plus proche, Alan Guillemette, son confident, son double en silence. Après une brève conversation, il lui tire une balle dans le dos, le laissant agonisant. Alan mourra quelques heures plus tard à l’hôpital de la Timone, à Marseille. Ce meurtre marque une rupture : Éric, désormais sans attache, entre dans une folie meurtrière sans retour.
Dans les rues de Cuers, il devient l’ombre menaçante que personne n’attendait. L’arme à la main, il avance lentement, froidement, tirant au hasard sur les passants. En moins de trente minutes, douze personnes tombent, frappées par la balle d’un adolescent au regard vide. Parmi les victimes : Ginette Vialette, Mario Pagani, Pascal Mostacchi, 15 ans, ou encore Andrée Coletta. D’autres sont grièvement blessés, des vies brisées à jamais.
L’assaut se termine devant les grilles du collège La Ferrage. Cerné par les gendarmes, Éric retourne son arme contre lui. Une balle dans la tempe met un terme définitif à cette folie. Il laisse derrière lui quinze morts, dont sa propre famille, et plusieurs blessés.
Les premiers soupçons se portent à tort sur Jean-Luc Bichet, fils du beau-père d’Éric, qui découvre les corps et alerte les forces de l’ordre. Mais très vite, l’enquête s’oriente vers le jeune tueur. Dans sa chambre, les enquêteurs découvrent des éléments troublants : une photo d’Adolf Hitler, des livres d’histoire militaire, des croix gammées griffonnées. L’admiration pour l’autorité, le culte de la guerre, et un mal-être profond se mêlent dans les marges de ses cahiers.
Des camarades de classe révèlent qu’il parlait souvent de suicide, évoquant même l’idée d’emmener d’autres vies avec lui. Mais personne n’avait su ou voulu entendre ces appels voilés au secours. L’affaire Éric Borel est devenue, dès les jours suivants, un cas d’école pour les criminologues, un miroir glaçant des dérives de l’adolescence silencieuse.
Date | Lieu | Prénom + Nom | Âge |
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23 septembre 1995 | Solliès-Pont (domicile familial) | Yves Bichet | ~45 ans |
23 septembre 1995 | Solliès-Pont (domicile familial) | Jean-Yves Bichet | 11 ans |
23 septembre 1995 | Solliès-Pont (domicile familial) | Marie-Jeanne Parenti | ~50 ans |
24 septembre 1995 | Cuers (domicile) | Alan Guillemette | 17 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Ginette Vialette | 84 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Denise Otto | 68 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Mohammed Maarad | 47 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Mario Pagani | 60 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Pascal Mostacchi | 15 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Andrée Coletta | 75 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Marius Boudon | 61 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Rodolphe Incorvaia | 61 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Jeanne Laugiero | 76 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | Pierre Marigliano | 54 ans |
24 septembre 1995 | Cuers | André Touret | 64 ans |


