Tout débute à l’hiver 2009, lorsque Claude Juillet, en conflit avec sa compagne Marie-Laure Bordenave, l’accuse de s’être éloignée sous l’influence de son frère Guy Bordenave et de son compagnon Luc Amblard. Employé un temps par le couple, Juillet nourrit une rancune croissante, convaincu que ces derniers entravent sa relation amoureuse. Déterminé à se venger, il fait appel à un ami, Christophe Rayé, ancien cariste au chômage, pour « régler le problème ».
Ensemble, ils élaborent un plan macabre et creusent un trou dans un bois isolé, près de La Charité-sur-Loire, cinq jours avant de passer à l’acte. Dans la nuit du 7 au 8 mars 2009, les deux hommes se rendent au domicile du couple à Couy. Une violente agression s’ensuit : Guy Bordenave est frappé d’un coup de crosse, les deux victimes sont ligotées, bâillonnées, puis emmenées à l’aube à l’endroit préalablement choisi.
Sous la menace d’un fusil, les deux hommes sont contraints de descendre dans la fosse, où ils sont placés en position assise, face à face. Claude Juillet et Christophe Rayé les enterrent vivants, les condamnant à une lente asphyxie. Dès le lendemain, des retraits d’argent suspects sont effectués avec une carte bancaire du couple, alertant Marie-Laure Bordenave, qui signale leur disparition.
Rapidement, les soupçons se portent sur Claude Juillet, notamment après qu’il ait laissé tomber une carte bancaire appartenant aux victimes. L’enquête révèle également des échanges téléphoniques entre les deux suspects et des traces ADN retrouvées dans la maison ensanglantée de Luc et Guy. Le 31 mars 2009, Claude Juillet et Christophe Rayé sont mis en examen pour enlèvement et séquestration.
Il faudra attendre le 4 juin 2009 pour que les corps des deux hommes soient retrouvés à l’endroit indiqué par Claude Juillet. L’autopsie confirmera qu’ils ont été enterrés vivants et sont morts par asphyxie. Les enquêteurs découvrent également que des objets de valeur, dont des ordinateurs portables, ont été volés au domicile du couple.
Le 26 septembre 2011, le procès s’ouvre devant la cour d’assises du Cher à Bourges. Claude Juillet reconnaît les faits, expliquant avoir agi par vengeance, convaincu que les victimes lui « pourrissaient la vie ». Son avocate tente de plaider le crime passionnel, mais l’avocate générale rejette cette thèse, soulignant la préméditation évidente.
Christophe Rayé, de son côté, admet la séquestration mais nie avoir participé à l’ensevelissement. Son avocat évoque les nombreuses zones d’ombre de l’enquête et l’absence de preuve matérielle le liant directement au meurtre. Toutefois, les jurés ne seront pas convaincus.
Le verdict tombe quatre jours après l’ouverture du procès : les deux accusés sont condamnés à 30 ans de réclusion criminelle pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Aucune émotion ne transparaît chez les condamnés, tandis que les familles des victimes expriment leur soulagement. Malgré une peine inférieure aux réquisitions, la perpétuité avait été demandée pour Claude Juillet, récidiviste, la justice a reconnu la gravité exceptionnelle de ce double homicide.


