Mélanie Fleury se présente à la gendarmerie de L’Aigle le 10 juillet 2010 pour signaler la disparition de son compagnon, Arnauld Ghys. Âgé de 28 ans, père de deux enfants et en attente d’un troisième, ce dernier aurait quitté son domicile la veille au soir sans donner de nouvelles.
Dès le lendemain, la macabre découverte d’un corps en forêt bouleverse la ville. Arnauld Ghys est retrouvé sans vie, abattu d’une balle de fusil dans le dos. Rapidement, les enquêteurs privilégient la piste criminelle. Dans un premier temps, les gendarmes s’intéressent au passé judiciaire de la victime, marquée par une condamnation pour braquages. La thèse d’un règlement de comptes ou d’une vente de véhicule qui aurait mal tourné est envisagée mais ne mène à rien de concret.
C’est un détail troublant qui fait basculer l’enquête : Mélanie Fleury semble particulièrement proche de Damien Rolland, un ami du couple âgé de 19 ans. Ce dernier, à la surprise générale, emménage rapidement avec Mélanie et prend en charge les enfants de la victime. Les soupçons se renforcent lorsque les écoutes téléphoniques révèlent que Damien et Mélanie entretiennent une relation amoureuse. Les enquêteurs découvrent également que Damien avait rendez-vous avec Arnauld le soir du meurtre et que son téléphone a borné près de la scène du crime.
Interpellé et placé en garde à vue, Damien Rolland avoue rapidement avoir tué Arnauld Ghys d’un coup de fusil de chasse. Il explique avoir agi par amour et pour délivrer Mélanie des violences que lui infligeait son compagnon. De son côté, Mélanie Fleury nie toute implication. D’abord, elle réfute la liaison avec Damien, puis finit par l’admettre tout en minimisant leur relation. Acculée par les éléments accablants, elle maintient qu’elle n’a jamais incité son amant à tuer Arnauld.
L’enquête révèle pourtant un tout autre scénario. Le cousin de Mélanie, Florian Potrel, témoigne et confie que la jeune femme a orchestré plusieurs tentatives ratées d’assassinat contre Arnauld. Mélanie aurait répété à ses proches qu’elle ne pouvait pas quitter son mari et qu’« il était plus simple qu’il meure ». L’arme du crime, un fusil de chasse, est retrouvée chez le beau-père de Mélanie. L’examen des échanges entre les accusés confirme que le meurtre a été prémédité.
Le 26 novembre 2012, le procès de Damien Rolland et Mélanie Fleury s’ouvre devant la cour d’assises de l’Orne. Le jeune homme, rongé par le remords, répète qu’il a agi sous l’influence de sa maîtresse. Mélanie, elle, reste inflexible et nie toute responsabilité.
Après quatre jours d’audience, la justice rend son verdict. Damien Rolland est condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour assassinat. Mélanie Fleury, reconnue coupable de complicité, écope de la même peine. Florian Potrel, lui, est condamné à trois ans de prison pour ne pas avoir empêché le crime.


