Le 23 janvier 2005, Joseph Vincensini, restaurateur et propriétaire du bar L’Oasis à Corte, disparaît mystérieusement. Son frère, inquiet, signale son absence aux autorités dès le lendemain. Dans son domicile, les enquêteurs découvrent d’inquiétantes taches de sang, suggérant un acte criminel.
Rapidement, l’enquête se tourne vers Xavier Luciani, propriétaire du restaurant L’Échiquier, où la victime avait dîné avant de disparaître. Luciani, joueur invétéré, doit une importante somme d’argent à Vincensini et le soupçonne d’entretenir une liaison avec sa compagne, Nathalie Battesti. Ce mobile double, financier et passionnel, pousse les enquêteurs à le placer sous surveillance.
Deux mois plus tard, en mars 2005, les gendarmes découvrent le corps décapité de Vincensini dans le coffre de la Peugeot 106 de Luciani. Celui-ci avoue l’avoir frappé à mort avec un rouleau à pâtisserie, expliquant maladroitement qu’il voulait seulement le corriger. Il décrit ensuite une tentative macabre d’effacer les traces du crime en livrant le cadavre aux porcs, lesquels refusent de s’en nourrir. Devant cette impasse, il décide de cacher le corps dans son véhicule.
En 2007, un rebondissement survient lorsque la division antiterroriste enquête sur une série d’attentats en lien avec le FLNC du 22 octobre. Plusieurs suspects sont arrêtés, dont Luciani, son neveu Sébastien Giudicelli, Dominique Pasqualaggi et Joseph Sabiani. Durant son interrogatoire, Pasqualaggi se défenestre des locaux de la police judiciaire, devenant paraplégique. Luciani, mis sous pression, désigne Pasqualaggi comme celui qui aurait tranché la tête de la victime. La tête de Vincensini est retrouvée fin 2007 au fond d’un puits, enfermée dans un sac biodégradable.
Le procès en première instance s’ouvre en 2010 devant la cour d’assises de Haute-Corse. Luciani est condamné à 30 ans de réclusion criminelle, tandis que Pasqualaggi, qui continue de nier toute implication, écope de 25 ans. Giudicelli est condamné à 15 ans et Nathalie Battesti, reconnue complice pour avoir attiré Vincensini dans un guet-apens, reçoit une peine de 10 ans.
En appel, le verdict est légèrement modifié. En juin 2011, la cour d’assises de Corse-du-Sud confirme la peine de 30 ans pour Luciani mais réduit celles de Dominique Pasqualaggi (18 ans au lieu de 25) et Nathalie Battesti (7 ans au lieu de 10). Ce verdict clôt une affaire marquée par une violence extrême, des mobiles mêlant argent, jalousie et règlement de comptes, et des liens troublants avec le milieu indépendantiste corse.


