L’été 1980, dans la région paisible du Grand Vancouver, prend soudain une tournure sinistre. Kristina Weller, 12 ans, disparaît après avoir été vue pour la dernière fois dans un quartier résidentiel animé. Les premiers battements de l’enquête restent feutrés, étouffés par l’espoir qu’elle revienne d’elle-même.
Les mois passent, l’inquiétude s’épaissit. Lorsque le corps de Colleen Daignault, 13 ans, est retrouvé, la police réalise que ces disparitions pourraient être liées. La Gendarmerie royale du Canada commence à tisser une toile autour d’un suspect déjà connu de leurs services : Clifford Olson, un homme au passé trouble et aux méthodes insidieuses. À l’automne, Olson intensifie sa traque. Il enlève et assassine plusieurs jeunes, dont Daryn Johnsrude et Sandra Wolfsteiner. Les familles endeuillées, abasourdies, témoignent de leur incompréhension face à ce mal qui rôde à visage humain. La tension monte ; dans les rues, la peur devient presque palpable.
En avril 1981, le visage du tueur commence à se dessiner plus nettement dans l’esprit des enquêteurs. Le profil criminologique d’Olson, manipulateur et sans remords, oriente les investigations. Pourtant, il continue de frapper : Ada Court, Terry Lyn Carson, Simon Partington disparaissent à leur tour, comme happés par un gouffre invisible.
La traque s’intensifie en juin, alors qu’Olson, pris de plus en plus de risques, enlève Judy Kozma. La jeune fille est retrouvée morte, confirmant les pires craintes de la police. La stratégie d’interpellation s’affine dans l’urgence, car le tueur semble insatiable.
En août, Clifford Olson est enfin arrêté lors d’un contrôle de routine. Rapidement, sous l’effet d’une opération d’infiltration, il se vante à ses codétenus de ses crimes. La police obtient alors l’autorisation d’une offre controversée : en échange d’une forte somme versée à sa famille, Olson accepte de révéler l’emplacement des corps de ses victimes. Le public, horrifié, découvre l’ampleur du carnage. Onze enfants et adolescents, tous tués en l’espace de moins d’un an, rendent la tragédie presque irréelle. Les descriptions méthodiques d’Olson devant les enquêteurs peignent un tableau glaçant d’un homme animé par une cruauté méthodique.
Lors de son procès en janvier 1982, l’atmosphère est pesante. Olson plaide coupable à onze chefs de meurtre prémédité, une décision qui épargne au pays un procès long et douloureux, mais laisse les familles sans véritable catharsis. Les juges, stupéfaits par son absence totale de remords, le condamnent à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Pendant des décennies, Olson poursuit ses manipulations depuis sa cellule, écrivant aux familles des victimes, réclamant des faveurs, jusqu’à devenir l’un des criminels les plus haïs du Canada. En 2011, atteint d’un cancer en phase terminale, il meurt en prison sans jamais avoir exprimé le moindre regret.


