Le 3 juin 1974, en début d’après-midi, Marie-Dolorès Rambla, âgée de huit ans, joue avec son frère Jean-Baptiste dans la cité Sainte-Agnès à Marseille. Un homme les approche, prétendant avoir perdu son chien noir et demande leur aide pour le retrouver. Profitant d’un moment où Jean-Baptiste s’éloigne, l’individu entraîne Marie-Dolorès dans son véhicule, une Peugeot 304 coupé gris métallisé, et prend la fuite.
Peu après, vers 12h30, Vincent Martinez, circulant dans le quartier de La Pomme, est victime d’un accident de la route impliquant une Peugeot 304 coupé gris métallisé. Le conducteur responsable de l’accrochage prend la fuite sans s’arrêter. Martinez décide de le poursuivre, mais perd sa trace. Alain et Yasmina Aubert, témoins de la scène, prennent également en chasse le fuyard. Ils le suivent jusqu’à un chemin forestier près de Peypin, où ils le voient s’engager dans un sentier isolé.
Les époux Aubert alertent les gendarmes, signalant avoir vu un homme correspondant au signalement du conducteur, s’enfoncer dans les broussailles avec un enfant. Les recherches entreprises dans la zone restent infructueuses ce jour-là. Le 5 juin, le corps sans vie de Marie-Dolorès est découvert dans un bosquet de la région, partiellement dissimulé sous des branchages. Elle a été poignardée à plusieurs reprises.
Le même jour, les enquêteurs identifient le propriétaire de la Peugeot 304 coupé impliquée dans l’accident : Christian Ranucci, un représentant de commerce de 22 ans, résidant à Nice. Il est interpellé à son domicile et placé en garde à vue. Lors des premières heures d’interrogatoire, Ranucci nie toute implication dans l’enlèvement et le meurtre de la fillette, reconnaissant seulement avoir fui après l’accident par crainte des conséquences professionnelles.
Cependant, confronté aux témoignages des époux Aubert et aux éléments matériels, Ranucci finit par avouer le crime. Il conduit les enquêteurs à la champignonnière de Peypin, où il avait dissimulé l’arme du crime, un couteau à cran d’arrêt ensanglanté. Malgré ces aveux, il se rétracte quelques jours plus tard, affirmant que ses confessions lui ont été extorquées sous la pression.
Le 9 mars 1976, le procès de Christian Ranucci s’ouvre devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence. L’affaire suscite une vive émotion dans l’opinion publique, ravivée par des faits divers similaires survenus récemment. Après deux jours de débats, le 10 mars, Ranucci est reconnu coupable d’enlèvement suivi de mort et condamné à la peine capitale. Ses avocats forment un pourvoi en cassation, qui est rejeté le 17 juin de la même année.
Une demande de grâce présidentielle est adressée au président Valéry Giscard d’Estaing. Le 26 juillet 1976, celui-ci refuse d’accorder sa clémence. Deux jours plus tard, le 28 juillet à l’aube, Christian Ranucci est exécuté par guillotine dans la cour de la prison des Baumettes à Marseille. Il est l’un des derniers condamnés à mort exécutés en France avant l’abolition de la peine capitale en 1981.
En 1978, l’écrivain Gilles Perrault publie « Le Pull-over rouge », un ouvrage remettant en question la culpabilité de Ranucci et dénonçant des irrégularités dans l’enquête et le procès. Ce livre alimente une controverse nationale et relance le débat sur la peine de mort en France. Plusieurs demandes de révision du procès sont déposées dans les années suivantes, mais toutes sont rejetées par la justice.


