C’est dans la nuit du 29 au 30 novembre 2021 que Camille Anguenot, jeune boulangère de 18 ans, ôte la vie à Théo Decouchant, 23 ans, dans sa petite maison d’Oiselay-et-Grachaux. Le jeune homme, qu’elle avait rencontré quelques semaines plus tôt en discothèque, est invité à passer la nuit chez elle. Après une soirée apparemment calme, ils s’endorment dans le même lit.
Dans sa version livrée aux enquêteurs, la jeune femme affirme s’être réveillée à 4 heures du matin, victime de gestes déplacés de la part de son invité. Elle dit alors l’avoir poignardé au ventre avec un couteau de cuisine, avant de l’étrangler avec une cordelette, puis de lui attacher les mains « de peur qu’il se réveille ». Une version que les enquêteurs accueilleront avec prudence, notamment en raison d’un message envoyé à 7 h 06 au téléphone de la victime : « Travaille bien, merci pour hier c’était vraiment bon. »
Quelques heures seulement après le crime, Camille utilise la carte bancaire et la voiture de Théo. Elle se rend d’abord dans une station essence, puis achète des bijoux dans un centre commercial. Le 1er décembre, elle part à Bordeaux, sans permis de conduire, pour rejoindre un nouvel amant rencontré en ligne, avec qui elle passera deux nuits, aux frais de sa victime.
Le 3 décembre, elle se rend à Dijon chez un ex petit ami à qui elle demande de fausses plaques d’immatriculation. Le lendemain, elle achète des sacs-poubelle et du ruban adhésif, puis participe à un bal local, comme si de rien n’était. Le 5, elle est impliquée dans un accident de voiture en Haute-Marne, toujours avec le véhicule de Théo. Elle appelle alors un autre ami pour venir la chercher et passe la nuit chez lui.
Pendant ce temps, les proches de Théo s’inquiètent. Dès le 30 novembre, son absence est jugée suspecte par ses amis, qui organisent recherches et appels à témoins. Camille elle-même partage l’avis de recherche sur Facebook le 3 décembre, feignant l’inquiétude.
Le 6 décembre, une semaine après le drame, les policiers découvrent le corps sans vie de Théo, emballé dans des sacs-poubelle et dissimulé dans un placard à balais du salon. Le choc est immense, la mise en scène glaçante. Pour les enquêteurs, le mobile est avant tout crapuleux : la jeune femme aurait vu en Théo un « pigeon », un homme qu’elle pouvait manipuler pour obtenir de l’argent et un moyen de transport.
Jugée devant la cour d’assises de Vesoul en septembre 2024, Camille Anguenot, aujourd’hui âgée de 21 ans, est reconnue coupable d’homicide volontaire. Elle est condamnée à 30 ans de réclusion, une peine supérieure aux réquisitions de l’avocat général.
Durant les quatre jours de procès, les avocats se déchirent sur la personnalité de l’accusée : froide calculatrice ou jeune femme brisée par un passé violent. Camille pleure à l’énoncé du verdict, disant ne pas vouloir sortir de prison et continuer à travailler derrière les barreaux. Elle envoie régulièrement de l’argent à la famille de Théo, à laquelle elle doit verser 80 000 euros au titre du préjudice moral. Camille Anguenot ne devrait pas faire appel du jugement.


