Dans une ferme isolée d’Höxter, en Rhénanie du Nord-Westphalie, Annika W., 33 ans, a trouvé la mort après des semaines de séquestration et de sévices. Elle avait épousé Wilfried Wagener en 2013, alors qu’il vivait toujours avec son ex-femme Angelika Wagener. Son corps a été dissimulé dans un congélateur, découpé, puis brûlé dans la cheminée du domicile. Aucun signalement de disparition ne sera enregistré à cette époque. Deux ans plus tard, une autre femme de 41 ans subit le même sort. Elle est retrouvée dans un état critique après avoir été transportée à l’hôpital par le couple. Les médecins découvrent sur son corps des blessures compatibles avec des actes de torture prolongés. Malgré les soins, elle meurt peu après son admission.
La police criminelle est immédiatement alertée. Les investigations conduisent à l’arrestation du couple en mai 2016. Des preuves matérielles retrouvées dans la maison, notamment des traces d’ADN, permettent de lier plusieurs victimes aux lieux. Angelika finit par avouer l’homicide d’Annika, resté jusque-là inconnu des autorités.
L’enquête révèle un mode opératoire glaçant. Angelika et Wilfried publiaient de fausses annonces de rencontres amoureuses pour attirer des femmes isolées. Une fois sur place, les victimes étaient privées de téléphone, enfermées, attachées, battues, brûlées, et parfois presque noyées. Aucun mobile sexuel n’est retenu : il s’agissait de domination pure. Au moins six femmes ont été séquestrées dans la ferme. Certaines ont réussi à fuir, d’autres ont été libérées contre des règlements en espèces. Lors de la perquisition, plus de 100 000 euros sont retrouvés dans le domicile. Plusieurs survivantes témoignent d’un climat de terreur où l’emprise psychologique était aussi destructrice que les violences physiques.
Le procès s’ouvre en 2016 au tribunal de Paderborn. Wilfried et Angelika s’accusent mutuellement d’être à l’origine des violences. Elle affirme avoir agi sous emprise, lui déclare avoir été manipulé. Les débats, marqués par les récits des survivantes, durent près de deux ans. En octobre 2018, le verdict tombe : Angelika est condamnée à 13 ans de prison ferme. Wilfried, déclaré partiellement irresponsable, écope de 11 ans de réclusion et d’un internement en hôpital psychiatrique. Des peines jugées trop clémentes par une partie de l’opinion publique et par le parquet, qui réclamait la perpétuité.


