Le 15 décembre 2016, un corps nu et méconnaissable est découvert dans une forêt près de la commune du Frasnois, en France. La victime a été poignardée à 26 reprises et frappée au visage au point de le rendre méconnaissable. Pendant près d’un an, l’identité de cette jeune femme demeure inconnue, aucun signalement de disparition n’ayant été effectué.
L’enquête progresse difficilement jusqu’à ce que, fin 2017, la police vaudoise et les autorités françaises annoncent l’arrestation du présumé meurtrier. Alexandre Verdure, un Français de 30 ans travaillant à Lausanne, est mis en cause. Grâce à des analyses ADN et des investigations approfondies, la victime est identifiée : il s’agit de Mihaela Miloiu, une Roumaine de 18 ans contrainte à la prostitution en Suisse.
Originaire de Godeni, un village roumain, Mihaela a quitté son pays sous l’emprise d’un « lover-boy », un proxénète lui promettant une vie meilleure. Rapidement, elle est réduite à l’exploitation sexuelle dans les rues de Lausanne, notamment dans le quartier de Sévelin. La jeune femme vit dans un appartement sous-loué, en compagnie d’autres prostituées, dans un isolement quasi total.
Le 29 novembre 2016, Mihaela monte dans une voiture pour ce qui sera son dernier trajet. Alexandre Verdure affirme avoir eu une relation tarifée avec elle à Sullens, en Suisse, avant que deux hommes ne surgissent et l’assassinent sous ses yeux. Selon lui, ces proxénètes l’auraient ensuite contraint à se débarrasser du corps. Toutefois, cette version est mise à mal par l’absence de preuves accréditant la présence d’autres individus sur la scène du crime.
Le lendemain du meurtre, Verdure se rend à l’hôpital pour soigner une blessure à la main, élément qui intrigue les enquêteurs. Son ADN est retrouvé sur la victime et devient une preuve accablante contre lui. L’enquête démontre qu’après le crime, il a méthodiquement fait disparaître des éléments compromettants, tels que l’arme du crime, les vêtements de la victime et son téléphone portable.
En 2021, Alexandre Verdure est jugé devant la cour d’assises du Doubs. Il est reconnu coupable et condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Toutefois, un appel est interjeté et un second procès s’ouvre devant la cour d’assises du Jura.
Lors de ce nouveau procès, l’accusation met en avant la brutalité extrême du crime et la préméditation des actes. L’avocat général, Lionel Pascal, réfute catégoriquement l’hypothèse d’une intervention des proxénètes et souligne la responsabilité directe de Verdure. Il décrit un crime d’une grande sauvagerie, motivé par une rage incontrôlée, possiblement en lien avec une crise personnelle.
Le 30 novembre 2023, Alexandre Verdure est condamné en appel à 30 ans de réclusion criminelle, soit 10 ans de plus que lors du premier jugement. La cour estime que l’accusé a agi seul et avec une violence extrême.


