Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004, l’hôpital psychiatrique de Pau devient le théâtre d’un événement tragique. Romain Dupuy, un jeune homme déjà hospitalisé à plusieurs reprises pour schizophrénie, quitte son domicile après avoir consommé une quinzaine de joints. Portant un couteau de cuisine, il se rend à l’hôpital psychiatrique de Pau où il croise deux infirmières, Chantal Klimaszewski et Lucette Gariod. Dans un acte de violence extrême, il poignarde la première et décapite la seconde, plaçant sa tête sur un poste de télévision. Ce double meurtre, en particulier la décapitation, choque profondément la France.
Le 29 janvier 2005, Romain Dupuy est arrêté lors d’un contrôle de routine après une tentative de meurtre sur des policiers. Son ADN, prélevé sur les lieux du drame, le confond définitivement. L’affaire soulève immédiatement des questions sur la gestion de la santé mentale en France, mettant en lumière des carences graves dans les politiques de sécurité, les effectifs et le suivi des malades psychiatriques.
En réponse à cette tragédie, le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy lance le plan santé mentale 2005-2008, cherchant à apporter des solutions à la crise de la psychiatrie française. Malgré la demande des familles des victimes pour une condamnation pénale, Romain Dupuy est déclaré irresponsable en raison de son discernement aboli au moment des faits. Le 28 août 2007, un non-lieu psychiatrique est prononcé, confirmé en appel en novembre de la même année.
Romain Dupuy, atteint de schizophrénie paranoïde, est interné à l’Unité pour Malades Difficiles (UMD) de Cadillac, en Gironde. Les années passent, et en juin 2022, il est toujours hospitalisé dans cette unité spécialisée, où son état semble stable selon les médecins.
Cependant, une longue bataille juridique s’engage pour déterminer la légitimité de son maintien en UMD. Le 3 juillet 2023, le Tribunal des conflits met fin à l’impasse judiciaire en déclarant l’ordre judiciaire compétent pour statuer sur son transfert. Le 15 septembre 2023, la cour d’appel de Bordeaux ordonne la levée de la mesure de placement en UMD et son transfert dans une unité de psychiatrie générale. Cette décision ouvre un nouveau débat sur la responsabilité pénale des malades mentaux et la réponse judiciaire à apporter aux familles des victimes.


